mardi 31 janvier 2017

Histoire de calendriers


Le calendrier que nous utilisons aujourd’hui comporte 12 mois de 30, 31, 28 et parfois 29 jours. L’alternance 30-31 n’est pas respecté en juillet et aout et les mois septembre, octobre, novembre, décembre signifiant respectivement septième, huitième, neuvième et dixième mois sont en fait placés en 9e, 10e, 11e et 12e position.

Voyons comment nous en sommes arrivés là.

Pour cela, il faut remonter aux origines de Rome. A cette époque, les Romains utilisent le calendrier Romuléen, en l’honneur du fondateur légendaire de Rome : Romulus. Ce calendrier, basé sur la lune, se compose de 10 mois de 30 jours, chaque mois étant divisé en 3 périodes de 10 jours : les calendes, les ides et les nones. Cela est peut-être pratique mais il manque près de 65 jours par an ! En effet, les mois d’hiver ne sont volontairement pas comptabilisés dans le calendrier ce qui conduit indubitablement à des décalages au fil des ans.

Le premier mois de l’année est le mois de Martius, en l’honneur du dieu de la guerre Mars, l’un des plus importants du panthéon romain, puis vient le mois d’ Aprilis, en l’honneur d’Aphrodite, de Maius (Maia), de Iunius (pour Junon) et ensuite les mois sont nommés selon leur position Quintilis (5e), Sextilis (6e), September (7e), October (8e), November (9e) et le dernier December (10e).

En -46, Jules César, sur les conseils de son astronome Sosigène d’Alexandrie, décide de changer ce calendrier pour se mettre plus en phase avec les saisons. Ce sera le calendrier Julien. L’année ayant été calculée à 365,25 jours, il est décidé de créer un calendrier de 365 jours, constitué de 12 mois avec alternance de mois de 30 et de 31 jours  et ajout d’1 jour tous les 4 ans (lors des années de dont le millésime est divisible par 4) pour rattraper le retard.
Deux nouveaux mois sont alors ajoutés à la fin : Janvier et Février qui compte 29 jours au lieu de 30 pour faire le compte de 365. Il est décidé que le jour supplémentaire sera ajouté après le 6e jour avant les calendes de mars, période de fête importante marquant la nouvelle année à l’époque romaine. Ce jour sera donc le bis sextus ante kalendas martias, qui donnera bissextile. Ainsi Février comptera 29 jours ou 30 jours les années bissextiles.

Pour faire honneur à Jules César, il est alors décidé de donner son nom à un des mois de l’année. Comme il est impossible de toucher à des mois se référant à des divinités, ce sera Quintilis qui sera rebaptisé Julius et qui donnera notre Juillet.
A ce stade, nous avons toujours le mois de Julius qui compte 31 jours et Sextilis qui en compte 30.

Mais c’est sans compter l’égo de son neveu Auguste qui, une fois couronné Empereur, souhaite également qu’un mois lui soit attribué. Il choisit donc celui suivant Julius et le rebaptise Augustus, qui donnera notre mois d’Août. Mais Auguste ne peut se résoudre à n’avoir que 30 jours. Qu’à cela ne tienne, il décide alors d’ajouter 1 jour à Aout, jour qui sera enlevé au dernier mois de Février qui passe ainsi à 28 jours.

En 532, l’Eglise Chrétienne, devenu entre-temps, toute puissante, décide que l’année ne commencera plus en Mars maispar le mois qui suit la naissance du Christ (fixé au 25 décembre). Le premier mois de l’année sera donc Janvier ! Ceci explique donc que le nom des mois soit ainsi décalé de deux par rapport à leur position.


Tout cela marche plutôt bien sauf qu’en réalité l’année ne dure pas 365,25 jours mais 365,2425 jours. Cette différence infime conduit là encore après plusieurs siècles à un décalage vers l'avance par rapport à la position réelle du soleil. 
Aussi en 1582, le Pape Grégoire décide de raccourcir l’année de 10 jours pour se remettre en phase avec le soleil. Les Européens passent donc directement du 4 octobre 1582 au 15 octobre 1582. C’est le début du calendrier Grégorien que nous utilisons toujours. Les Orthodoxes ne reconnaissant pas l’autorité du Pape n'ont pas appliqué cette correction et sont restés dans le calendrier Julien jusqu'en 1918.


samedi 8 octobre 2016

Destin de ouf

  • Jack "Mad" Churchill 


 Jack Churchill nait en 1906 au Sri Lanka, passe son enfance à Hong Kong, retourne en Angleterre où il est diplômé du Royal Military College en 1926 et part servir en Birmanie.

 Il quitte l’armée en 1936, fait une apparition dans le film Le Voleur de Bagdad, représente l’Angleterre aux championnats du monde de tir à l’arc en 1938 et obtient même la 2e place aux championnats militaire de… cornemuse.

 Néanmoins, dès le déclenchement de la seconde guerre mondiale, il se rengage dans l’armée britannique et intègre le corps expéditionnaire envoyé dans le nord de la France en 1939.

 Churchill a déjà une vie peu commune jusqu'ici mais c’est surtout l’excentricité du personnage qui va le rendre remarquable.
 Car si Jack Churchill est surnommé Mad Jack (Jack le Fou), c’est bien à cause de son attitude sur le champ de bataille : il part au combat avec une épée, un arc en bandoulière et sa cornemuse sous le bras !




Il déclara « un officier qui part au combat sans son épée n'est pas dans une tenue correcte. »


 En mai 1940, il tue un soldat allemand avec son arc, donnant le signal de l’attaque de son groupe et devient ainsi le seul cas de soldat ayant abattu un ennemi avec une flèche dans un conflit moderne.


 En décembre 1941, il est envoyé en Norvège pour participer à un débarquement contre une garnison allemande. Au moment où la rampe d’accostage se baisse, il sort en jouant un air de cornemuse, avant de lancer une grenade et courir à l’assaut.



(Jack Churchill en première ligne en train de charger sur la plage avec son épée à la main)

 En juillet 1943, il mène deux commandos en Sicile et, toujours avec son épée et son arc, fait 42 prisonniers.

En 1944, il est envoyé en Yougoslavie pour aider la résistance et organise une armée hétéroclite de 1500 partisans. Alors que son groupe attaquait un aéroport, un obus tombe près de lui, tue ou blesse tout le monde, sauf Churchill qui jouait l’air Will Ye No Come Back Again à la cornemuse.

 Il sera finalement assommé par une grenade et capturé par les Allemands. Après un passage par Berlin, il sera transféré au camp de concentration d'Oranienburg-Sachsenhausen…d’où il s’évadera en rampant sous les fils et à travers les égouts.


 Il est ensuite envoyé en Birmanie en 1945 combattre les Japonais mais le temps qu’il rejoigne le théâtre des opérations les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki mettent fin à la guerre.

Jack Churchill, en colère contre cette fin soudaine de la guerre, déclara « Sans ces maudits Yankees, nous aurions pu continuer la guerre pendant encore 10 ans ! ».

 En 1948, il part en Palestine combattre les Arabes dans un autre conflit régional.

 En 1952, il fera une apparition dans le film Ivanhoé comme archer, clin d’œil à son histoire,




avant de repartir en Australie où il deviendra un passionné de surf. Il sera d’ailleurs l’un des premiers à surfer des vagues de plus d’1m50 sur une planche de sa fabrication.

 Il prend officiellement sa retraite militaire en 1959 et devient instructeur à l’école militaire mais n’arrête pas pour autant ses excentricités. Un jour, en voyage dans un train, il subjugua les autres passagers en lançant subitement sa valise par la fenêtre. Il expliquera plus tard qu’il l’avait lancée dans son propre jardin pour éviter d’avoir à la porter depuis la gare.

 Après avoir connu autant d’aventures et de champs de bataille, il meurt de sa belle mort dans le Surrey en Angleterre en 1996 à l’âge de 90 ans.





  •  Juan Pujol Garcia, dit Garbo 



 Juan Pujol Garcia nait à Barcelone en 1912.

 Issu d’une famille modeste, il aide assez tôt son père dans l’exploitation agricole familiale et malgré son service militaire ne se destine en rien à une carrière militaire n’ayant pas, de son propre aveu, les qualités de « loyauté, générosité et honneur ».
Pendant la révolution et la guerre civile en 1931, il rejoint tour à tour, presque forcé par les circonstances, le camp des communistes et celui des franquistes. Il en retire alors une haine absolue de ces deux systèmes et lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate, il décide de se mettre au service de la Grande Bretagne, seul pays selon lui à rejoindre ses valeurs anti-communistes et anti-nazis.

Il contacte par 3 fois les services secrets britanniques pour leur proposer d’espionner pour eux mais les Anglais n’y voyant pas d’intérêt rejettent son offre à chaque fois .

 Il décide alors d’une autre stratégie d’approche et se crée une identité de fonctionnaire gouvernemental espagnol pro-nazi fanatique, voyageant souvent en Grande-Bretagne. Il réussit même à usurper un imprimeur pour obtenir un véritable passeport diplomatique . Il contacte alors un membre des services secrets allemand en Espagne et se fait rapidement recruter, recevant une formation d’espionnage, de l’encre invisible, un livre de codes et de l’argent pour monter un réseau en Angleterre.
 Mais au lieu de partir en Angleterre, il s’installe à Lisbonne d’où il fera croire à son agent traitant allemand dans ses rapports qu’il se déplace en Angleterre grâce à des informations trouvées sur des guides touristiques, des magazines, des almanachs de chemins de fer, etc. Il va même jusqu’à se faire rembourser ses frais de déplacements.

 Ses faux rapports de mouvements de troupes et d’informations locales diverses sont interceptés par le Programme Ultra britannique qui comprend rapidement que quelqu’un dispense de fausses informations aux services allemands.

 En 1942, il contacte un officier américain à Lisbonne, qui voit alors en lui un potentiel énorme de désinformations aux Allemands et permet enfin son recrutement par le MI5. Il est alors transféré clandestinement en Angleterre, sa femme et sa fille le rejoignant peu après.
Compte tenu de ses talents d’imagination extraordinaires et de son admiration pour l’actrice Greta Garbo, le nom de code « Garbo » lui est donné. Du côté allemand, il est connu sous le pseudonyme de « Alaric Arabel ».

 Avec l’aide de son agent traitant britannique, il va rédiger en 2 ans 315 lettres, rapports et fausses informations à l’intention des services allemands. Il était si prolifique que les Allemands ne jugeront pas nécessaire de recruter d’autres espions en Angleterre. Ses rapports livraient de fausses informations, de vraies informations mais à faible valeur militaire ou de réels informations importantes mais qui parvenaient aux Allemands trop tard pour être avantageusement utilisables. Il crée également un réseau virtuel qui « emploiera » jusqu’à 27 agents, répartis dans tout le Royaume Uni.


 
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Des agents qu’il aura « recruté », justifiant ainsi son important rendement et lui permettant de blâmer ses agents en cas de mauvaise information. Chaque agent, son nom, sa situation, son histoire était nés de son imagination et il entretenait ce réseau, n’hésitant pas à les faire « mourir » selon ses besoins. Ainsi pour justifier la non-transmission d’une information d’un départ de flotte armée inratable à Liverpool, il fit tomber malade et mourir son agent sur place, allant jusqu’à obtenir des Allemands un versement d’une rente à la « veuve » de cet agent.


 Pour accélérer ses communications qui jusqu’alors étaient des courriers transportées par avion, les Allemands lui demandent de passer à la radio. Il obtient alors les codes quotidien… codes qui étaient immédiatement transmis aux cryptanalystes anglais de Betchley Park qui, connaissant le message original de Garbo, pouvaient en déduire les méthodes de cryptage allemands et donc décoder d’autres messages.


 En janvier 1944, l’idée d’un débarquement allié était désormais bien acquise pour tous et Garbo fut mis à contribution dans le cadre de l’Opération Fortitude, plus grande opération de désinformation militaire de l’Histoire, visant à cacher aux Allemands le lieu exacte du débarquement allié.

De nombreux subterfuges furent employés pour laisser penser le Haut Commandement allemand que le débarquement se ferait dans le Pas de Calais (importants mouvements de troupe dans le sud-est de l’Angleterre, création d’une armée gonflable de tanks, importantes tranmission radios, etc…) et Garbo eut un rôle important à jouer car il transmis quantité de rapport d’espionnage allant dans ce sens. Il convainquit si bien les Allemands que le débarquement en Normandie serait une simple opération de diversion que deux mois après celui-ci les Allemands maintenaient toujours 2 divisions blindées et 19 divisions d’infanterie dans le Nord de la France pour contrer les Alliés.
 Le jour du débarquement, il envoya de nombreux détails réels du « débarquement de diversion » aux opérateurs allemands au milieu de la nuit, sachant qu’ils n’étaient pas là pour les recevoir. Il s’offusqua de leur négligence «C’est inadmissible ! Si ce n’était pas pour mes idéaux, j’abandonnerai tout de suite notre collaboration ! »

 Pour honorer Garbo de ses actes d’espionnage, il sera récompensé par les Allemands en juillet 44 de la Croix de Fer et en novembre 1944 fut fait Membre de l’Ordre de l’Empire Britannique, devenant ainsi le seul agent double à avoir été récompensé par les deux camps.


 Après la guerre, pour échapper à d’éventuelles représailles, il organisa sa mort de malaria en Angola et parti s’installer au Venezuela sous une fausse identité. Il poursuivra sa vie en tant que libraire jusqu’à sa mort à 76 ans en 1988.




  •  Adrian Carton de Wiard 


 Adrian Carton de Wiart nait en 1880 à Bruxelles d’un père belge et d’une mère irlandaise.

Très jeune, il est envoyé en Angleterre pour suivre sa scolarité, d’abord au Collège Balliol puis à Oxford qu’il quitte en 1899 pour s’engager dans l’armée britannique et partir en Afrique du Sud pour la Guerre des Boers.
 Il y est sévèrement blessé à l’estomac et doit être rapatrié en Angleterre avant de revenir en 1901 en Afrique du Sud où il est nommé aide de camp du commandant en chef de son bataillon.
Il aura alors le temps de pratiquer toutes sortes de sport, depuis la course à pied jusqu’au polo. Il obtiendra la naturalisation anglaise en 1907 et se marie en 1908.

 Lorsque la première guerre mondiale éclate, il est mobilisé en Somalie britannique et sera blessé par balle deux fois au visage, perdant un œil et une partie de l’oreille.

En 1915, il embarque pour la France et rejoint le front de l’ouest où il commandera 3 bataillons.
Il sera alors blessé 7 fois, littéralement des pieds à la tête, perdra sa main gauche et s’amputera lui-même de doigts à l’aide de ses dents devant le refus d’un médecin de l’opérer.
Il obtiendra de nombreux récompenses militaires tant belges (Croix de guerre belge) que britanniques (Victoria Cross) et terminera le conflit avec le grade de lieutenant-colonel.
 Malgré toutes ses blessures, il écrira dans ses mémoires : « Franchement, j'ai adoré la guerre ».

 Après la guerre, Carton de Wiart en envoyé en Pologne pour aider le pays à faire face à différents conflits régionaux qui l’occupent, depuis la menace soviétique de la révolution bolchévique à l’est, la guerre avec l’Ukraine au sud, la guerre avec la Lituanie au nord et des conflits de frontière avec les Tchèques à l’ouest.

C’est à cette période que son avion se crashe, crash auquel il survivra mais ne lui évitera pas la prison en Lituanie.
En 1920, attaqué à bord d’un train par la cavalerie bolchévique, il les repoussa en tirant depuis la marche du train, tombant même et réussissant à remonter dans le train en marche. Il retire de cette période passée en Pologne une profonde amitié pour les polonais et s’y installe jusqu’en 1939 où sa retraite paisible est interrompu par l’invasion allemande.
Il a juste le temps de s’échapper avec une partie du gouvernement par la Roumanie, pourchassé par les Allemands d’un côté et les Russes de l’autre.
 De retour en Angleterre, il est aussitôt envoyé en mission de reconnaissance en Norvège, connait plusieurs péripéties avec les Allemands, combiné à la neige et la géographie de l’endroit, est évacué en Angleterre avant d’être renvoyé en 1941 direction la Yougoslavie qui entre-temps avait demandé l’aide britannique face à la menace d'invasion allemande.

C’est justement au cours de ce trajet que son avion va de nouveau s’écraser en mer, l’obligeant à nager jusqu’à la côte libyenne où il sera fait prisonnier par les forces italiennes.

Notons qu’il a déjà 61 ans à ce moment là.
 Envoyé en Italie dans une prison spéciale pour officiers seniors, il se lie d’amitiés avec d’autres anciens et prépare une évasion en creusant un tunnel pendant 7 mois.
Après 5 tentatives, il réussira à s’évader, se déguisera en paysan mais sans parler un mot d’italien, avec un bandeau sur l’œil et une main en moins, il passe difficilement inaperçu et se fait reprendre 8 jours plus tard.
Peu de temps après, en 1943, il est alors transféré à Rome…pour être chargé par le gouvernement italien, qui cherche secrètement à négocier sa sortie de la guerre, de contacter les Anglais et d’organiser la reddition.

 Une fois cela effectué, il repart d’Angleterre en direction…de la Chine auprès de Tchang Kai Chek  où il est chargé de représenter le gouvernement britannique pendant 3 ans. Sur le chemin, il passera par le Caire lors de la réunion entre Roosevelt, Churchill et Tchang Kai Chek.





A partir de là, il voyagera successivement en Inde, en Birmanie, au Japon, à Singapour et prendra sa retraite en 1947 avec le grade de Lieutenant-General et de très nombreuses décorations, notamment celle de Chevalier commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique.


A Rangoon, il glisse d’un escalier, s’assomme, se casse plusieurs vertèbres. Il rejoint l’Angleterre où les médecins lui retireront une quantité importante d’éclats d’obus du corps.

 Sa femme meurt en 1949… et lui se remariera en 1951 à l’âge de 71 ans.

Il meurt à 83 ans en 1963 après avoir écrit ses mémoires « De la reine Victoria à Mao Tse Toung ».




  • Ivor Thord-Gray



Ivor Thord-Gray nait à Stockholm en 1878 sous le nom de Thord Ivar Hallström.

A 17 ans, il s’engage dans la marine marchande et débarque au Cap, en Afrique du Sud où il s’engage dans l’armée britannique. Il participe alors à la guerre des Boers en 1899, sert dans la police d’Afrique du Sud et combat la rébellion Bambatha en 1906 en tant que capitaine de la police montée à Nairobi au Kenya.

Après un passage aux Philippines en tant que gendarme et en Malaisie comme planteur entre 1909 et 1911, il rejoint la révolution mexicaine en 1914 en tant que major d’artillerie sous les ordres de Pancho Villa. Il devient rapidement chef d’état major de la 1ere armée mexicaine.

Pendant la première guerre mondiale, il rejoint l’armée britannique en tant que lieutenant-colonnel dans les Royal Fusilliers et recevra la médaille de guerre anglaise et la médaille de la Victoire. Il change son nom pour Thord-Gray en 1917.

En 1918, il sert brièvement dans l’armée canadienne en tant que lieutenant-colonel de la force expéditionnaire en Sibérie avant de rejoindre l’armée blanche de Russie où il officie en tant que colonel, commandant la 1ere division d’assaut de Sibérie.

Il quitte la vie militaire en 1919 et s’installe en 1925 aux Etats-Unis où il crée une banque d’investissement sur la 5e avenue à New York.
En 1934, il est naturalisé américain et nommé Major-général et chef de cabinet du gouverneur de Floride.

En 1955, il publie un dictionnaire Anglais-Tarahumara (une ethnie vivant au nord du Mexique), ainsi qu’un livre à caractère biographique sur la révolution mexicaine.

Ivor Thord-Gray aura combattu dans pas moins de 13 conflits à travers le monde et été officier supérieur dans les armées anglaises, mexicaines, russes et américaines.



Il finit ses jours dans sa résidence d'hiver de Coral Gables en Floride avant de s’éteindre en 1964 à l’âge de 86 ans.



  • Witold Pilecki





Witold Pilecki est un Polonais, né en Russie en 1901 où sa famille avait été déportée suite à la participation de son grand-père à l’insurrection polonaise de 1861-1864.

Pendant la première guerre mondiale, à 17 ans, il s’engage dans les unités d’autodéfenses polonaises avant de participer en 1919-1920 à la guerre russo-polonaise en commandant une section de scouts puis une unité de cavalerie. Il sera décoré 2 fois pour sa bravoure et terminera ses études une fois la guerre finie.

Il se marie en 1931 et aura rapidement deux enfants.

En septembre 1939, au moment de l’invasion allemande, il est mobilisé dans la cavalerie et participe aux durs combats contre la Wehrmacht.
Mais face au rouleau compresseur allemand et l’avancée soviétique à l’est, le pays est rapidement conquis. Il fonde alors en novembre 1939 l’Armée Secrète Polonaise, l’une des premières organisations de résistance clandestine. L’organisation regroupera bientôt plus de 8000 hommes et sera incorporée plus tard dans l’Armée de l’Intérieure. 

En 1940, il propose un plan audacieux visant à collecter de l’intérieur des informations sur le camp de concentration d’Auschwitz.
Le 19 septembre 1940, il se fait donc capturer volontairement par les Allemands, sous un faux nom, lors d’une rafle à Varsovie et, après 2 jours de torture, est transféré à Auschwitz.
Une fois à l’intérieur, il travaille comme Arbeitskommandos et collecte des informations sur les activités des Allemands dans le but de les transmettre à la résistance polonaise et préparer le combat. Il met en place une organisation clandestine à l’intérieur, visant à remonter le moral des prisonniers, fournir des informations de l’extérieur, répartir la nourriture et les vêtements et mettre en place un réseau de résistance pour reprendre le camp. Il réussit également à fabriquer une radio à partir de pièces détachées lui permettant de communiquer avec la résistance polonaise jusqu’en 1942, la détruisant, juste avant de se faire détecter par les Allemands.

En octobre 1940, il rédige un rapport qui sera transmis au gouvernement britannique en mars 1941, suggérant que les Alliés parachutent des armes sur le camp pour aider les prisonniers à se libérer eux-mêmes.
En 1943, comprenant que cette action ne se fera pas, il décide d’aller convaincre lui-même l’état-major de passer à l’attaque et s’évade du camp de concentration le 26 avril 1943 après 947 jours de détention, emportant avec lui des documents supplémentaires volés aux Allemands.

Witold Pilecki est de ce fait la seule personne connue internée de son propre gré dans un camp de concentration nazi et à s’en être évadé.

Malgré un second rapport, les Anglais refusent d’accorder une aide aérienne, jugeant que les informations du « Rapport Pilecki » sont exagérées : il y est en effet écrit que les Allemands ont exterminé près de 2 millions de personnes et en prévoit 3 de plus dans les deux années à venir.

En aout 1944, il prend part aux combats pendant l’insurrection de Varsovie qui verra la ville rasée par les Allemands. Il est fait prisonnier par les Allemands et finit la guerre dans un camp de prisonniers

Après la libération en 1945, et ayant intégré entre-temps une organisation secrète anti-communiste, il rejoint le 2e corps d’armée polonaise au sein de l’armée britannique et est renvoyé en Pologne, désormais sous domination soviétique.
Malgré l’ordre de cesser les actions clandestines, Pilecki refuse d’obéir et continue d’organiser la résistance contre les communistes et de collecter des informations. Bien que sa couverture soit éventée, il refuse de partir et continue son action.

Il est arrêté en 1947 par le service de sécurité intérieure et sera torturé et inculpé d’espionnage au profit de l’impérialisme étranger.


Il est condamné à mort et executé le 25 mai 1948 dans la prison de Varsovie. 
Dans sa dernière conversation avec sa femme, il lui dit : « Je ne peux pas vivre, ils m’ont déjà tué. Comparé à eux, Auschwitz était de la bagatelle ».

Ses derniers mots furent « Vive la Pologne Libre ».



  • Simo Häyhä




En 1939, la Russie soviétique envahit la Finlande afin de créer une zone tampon devant protéger Leningrad (Saint Petersbourg) d’une éventuelle attaque allemande.


La Russie, 47 fois plus peuplée et 66 fois plus étendue que son adversaire, aligne une armée 4 fois plus nombreuse et surtout mieux préparée et équipée que les Finlandais à majorité rurale.

Néanmoins, face à ce déséquilibre flagrant, la Finlande va gagner le respect international en tenant en échec la puissance russe dans ce qui sera appelée la Guerre d’Hiver.

Les soldats finlandais connaissent mieux le terrain qui se prête davantage à la défense, sont plus mobiles et maitrisent l’art du camouflage en milieu neigeux. Ils attaquent par petits groupes, disparaissent en ski et inventent des bombes incendiaires baptisés ironiquement en l’honneur du ministre russe des affaires étrangères « cocktail Molotov ».

Parmi ces soldats, il s’en trouve un qui aura joué un rôle majeur dans le succès de la défense finlandaise : Simo Häyhä.

Né en 1905, il rejoint l’armée finlandaise à 20 ans et se distingue assez vite par ses talents de tireur, remportant plusieurs trophées lors de compétitions militaires.
Aussi durant l’invasion soviétique, il sert logiquement comme sniper face à l’Armée Rouge et deviendra rapidement son pire cauchemar.

Simo Häyhä est en effet crédité officiellement de 505 tués (542 non officiel) au snip, auxquels s’ajoutent plus de 200 au fusil mitrailleur, faisant de lui le meilleur tireur d’élite de toute l’Histoire.
Tous ces soldats abattus l’ayant été durant les 100 jours que dura le conflit, soit une moyenne de 5 par jour.

Il fut surnommé la « Mort Blanche » par les Russes, qui déployèrent des moyens considérables pour l’abattre, allant d’autres tireurs d’élite à des bombardements d’artillerie sur ses positions supposées.

Simo Häyhä s’habillait d’une combinaison blanche intégrale et pouvait rester des heures sans bouger, enseveli sous la neige à des températures entre -20° et -40°. Il compactait la neige devant lui afin que le tir n’agite pas la neige et gardait de la neige dans sa bouche pour que la vapeur de sa respiration ne trahisse pas sa position. Il n’utilisait également pas de lunette télescopique mais seulement la mire de son fusil tant pour ne pas générer de réflexion que pour ne pas avoir à relever la tête et diminuer ainsi le plus possible sa silhouette.



Le 6 mars 1940, il est finalement blessé, recevant une balle dans la mâchoire, emportant la moitié de son visage mais sans le tuer. Il sera ramassé inconscient par des soldats alliés et reprendra connaissance une semaine plus tard, le jour de la signature de la paix.



Après la guerre, il passera plusieurs années à récupérer de sa blessure et deviendra un chasseur émérite et éleveur de chiens.
Il finira ses jours dans une maison de retraite pour veterans, jusqu’à sa mort en 2002 à l’âge de 96 ans.

Lorsqu’on lui demanda en 1988 lors d’une interview s’il regrettait d’avoir tué tant de gens, il répondit « Je n'ai fait que mon devoir et ce que l'on m'avait dit de faire du mieux que je le pouvais ».

  • Georges Painvin



Polytechnicien et ingénieur des Mines de Paris, Georges Painvin (né en 1886) commence sa carrière en tant que professeur en géologie et en paléontologie. Il est très tôt passionné par les codes et la cryptologie qu’il exerce comme un loisir.

Lorsque la Première Guerre Mondiale éclate, il se lie d’amitié avec un capitaine qui lui fait découvrir les systèmes de communication. En janvier 1915, il demande, pour essayer, qu’on lui remette des textes chiffrés allemands et ne tarde pas à mettre au point, seul,  une méthode de déchiffrement.

Il est alors officiellement recruté par le Chiffre français et est transféré au Cabinet Noir.

Pour commencer, il se concentre sur les textes cryptés de la marine allemande, jusqu’alors indéchiffrés, et réussit à les casser permettant une chasse aux sous-marins plus efficace.

Il continue avec un autre code, le chiffre ABC, et réussit à le percer après 2 semaines de travail et malgré les faux messages envoyés par les Allemands pour l’induire en erreur.

En mars 1918, les Allemands mettent en place un nouveau code très sécurisé, l’ADFGVX, devant permettre de sécuriser les communications pour les offensives à venir sur Paris.

Pour bien mesurer l’exploit qui va suivre, il faut expliquer rapidement en quoi consiste ce code :

On constitue un carré de 6x6 avec les lettres A,D,F,G,V,X en tête des lignes et colonnes. Ces lettres ADFGVX ont été choisies car elles sont bien différentes en morse ce qui réduit le risque d’erreur lors de la transmission.
On réparti les 26 lettres de l’alphabet et les 10 chiffres dans ce carré, ce qui fait que chaque lettre de l’alphabet se situe à une intersection de A,D,F,G,V,X. Combinaison evidemment différente selon la disposition des 26+10 lettres dans le carré.

La phrase « Lancer l’assaut » peut donc être codée par « AV DG AX FD XF VA DG VG VG DG GV DA »

Cette première phase est identique au chiffrement antique dit du Carré de Polybe, qui a perduré pendant près de 2000 ans, où les lettres étaient remplacées par leur numéro d’intersection de ligne/colonne.

La seconde étape consiste à retranscrire cette phrase ADFGVX dans un tableau, ordonné selon un mot clef et de réordonner les colonnes alphabétiquement par rapport au mot clef.
Ceci a pour effet de mélanger complètement les couples de lettres précédent, ainsi notre exemple devient DF VV DD AA XD VG VX FG GV GD AG GA.

Le destinataire, connaissant le mot clef et la grille 6x6 initiale n’a plus qu’à refaire les étapes dans le sens inverse pour recomposer le message original.

Cela tombe au plus mauvais moment de la guerre car les Alliés savent que l’état major prépare une attaque d’envergure mais ne peuvent prédire l’endroit.

Le code semble impossible à casser mais pourtant en 4 jours d’un travail acharné mené jour et nuit, pratiquement sans dormir ni s’alimenter, le lieutenant Painvain va réussir à comprendre la méthode de chiffrement ainsi que les clés utilisées.



Le 2 juin 1918, il fournit un message déchiffré, envoyé la veille par l’état major allemand à l’intention d’avant-postes situés au nord de Compiègne : FGAXA XAXFF FAFVA AVDFA GAXFX FAFAG DXGGX AGXFD XGAGX GAXGX AGXVF VXXAG XDDAX GGAAF DGGAF FXGGX XDFAX GXAXV AGXGG DFAGG GXVAX VFXGV FFGGA XDGAX FDVGG : « Hâtez l'approvisionnement en munitions, le faire même de jour tant qu'on n'est pas vu ».
A la remise du message, Painvain s’écroule de fatigue et sera hospitalisé. 

Le message sera plus tard surnommé le "Radiogramme de la Victoire", car l’état-major français comprend l’importance de cet ordre et surtout le lieu de l’attaque allemande, permettant de regrouper l’ensemble de ses forces et de contrer l’attaque allemande, action déterminante dans la fin à venir de la guerre.

Painvain est fait Chevalier de la Légion d’Honneur mais il ne pourra toutefois en parler à personne car ses activités sont soumises au secret militaire pendant près de 50 ans.
Sa contribution est enfin reconnue en 1962. L’inventeur de l’ADFGVX, le colonel allemand Nebel, n’apprendra quant à lui qu’en 1967 que son code avait été cassé.

Après la guerre, Painvain reprend ses activités de professeur, puis devient directeur d’une société d’électrochimie. Il s’installera au Maroc et dirigera une société d’ouvrages maritimes avant de revenir en France et de mourir en 1980 à l’âge de 94 ans.








 Article à poursuivre...

dimanche 22 avril 2012

Vous auriez l'heure ?

Il n'a pas toujours été simple de répondre à cette question.
Ne serait-ce que parce que très longtemps, il n'y avait pas de montre, d'horloge, de pendule ou de tout autre système de mesure du temps.

Comment faisaient alors les anciens pour se repérer dans le temps ?
A une petite échelle, le cycle jour/nuit suffisait bien. Le cycle de la lune équivalait ensuite à notre notion de mois (une lunaison dure 29,5 jours) et à plus grande échelle les solstices et équinoxes donnaient l'information des saisons actuelles.
Quand on se donnait rendez-vous à l'époque, c'était donc plus du genre "On se retrouve ici dans 2 lunes et 6 jours" (avec une précision d'environ 12 heures) que "19h45 pétante devant le ciné". La notion de ponctualité n'était donc pas trop de mise...

Mais pourquoi s'intéresser au temps ? Qu'est ce qui justifie qu'on veuille autant le mesurer ?
Bien avant la mesure du temps pour planifier les semences et les récoltes (disons que c'est mieux de ne pas planter avant l'hiver qui détruira tout...), la question s'est posée en raison du caractère mortel de l'Homme.
Quel intérêt en effet a t'on à mesurer le temps si on est éternel ? Le temps n'est une notion valable que quand il y a un début et une fin et la mesure de la vie humaine en était une bonne raison.

Les premiers systèmes de mesure du temps furent basiques. Tel le gnomon, bâton planté dans le sol et dont l'ombre projetée par le soleil permettait de suivre sa course circulaire sur le sol et donc la journée. Ancêtre du cadran solaire et qui explique au passage pourquoi nos montres sont rondes.
Comment est venue la division de la journée en 12 heures suite à cela (et non en 10 comme on aurait pu s'y attendre dans notre société décimale) ? J'en avais déjà parlé dans mon petit article sur les Babyloniens mais pour faire simple, il faut juste savoir qu'à cette époque, les hommes étaient nomades. Et le système qui prédominait était alors le troc. Et très vite les gens se sont rendus compte que la base 10 se prêtait assez mal aux échanges (si j'ai 10 chèvres et que je veux les diviser entre mes 3 fils, je vais vite avoir un problème). La base 12 en revanche se prêtait beaucoup mieux aux divisions car 12 admet davantage de diviseurs (2,3,4,6) que 10 (2,5).
C'est donc le système comptable à cette époque qui a orienté la division du temps et il était donc normal qu'on divise une journée en 12 parts plutôt qu'en 10.

Les systèmes de mesure du temps ont évolué.
On a connu la clepsydre (littéralement "échappement d'eau") avec cette petite imprécision au début qui venait du fait que la vitesse d'écoulement d'un fluide dépend de sa pression et que donc plus le récipient se vidait, plus la pression d'écoulement diminuait et donc le temps mesuré n'était plus constant.



Les Égyptiens perfectionneront ce système en intercalant une jarre "tampon" entre les deux précédentes, jarre toujours remplie à ras bord et qui assurait donc un écoulement constant dans la jarre du bas.

Le sablier est ensuite apparu mais tous ces systèmes de mesure du temps avait un gros problème : dès qu'il faisait nuit et qu'on ne voyait plus rien, on avait vite un problème pour connaitre l'heure.

On inventa alors les bougies horaire mais là question risque d'incendie, on était pas non plus très serein...


Pour faire un aparté sur ce point, c'est la raison pour laquelle (plus tard) on inventera les répétitions-minutes. Alors qu'aujourd'hui, une RM ne sert qu'à prouver son savoir-faire horloger, et au passage ajouter un zéro au prix de la montre, au moyen-âge il y avait une réelle utilité à la complication : connaitre l'heure la nuit.
Parce qu'on avait bien les crieurs d'heure qui tournaient en ville la nuit en hurlant "Il est 3hhhhhh, toutttt va bieeeeeeennnn !!", mais ça dérangeait pas mal de monde qui ne demandait rien à personne si ce n'est dormir tranquille.

Et puis vers le milieu du moyen-âge, on va faire une série de découverte techniques qui vont rendre possible la création d'horloge.
D'abord, on va découvrir l'isochronisme du pendule. Cela veut dire que si vous prenez un pendule (une bille de plomb suspendue par un fil) et que vous le lâchiez d'un angle quelconque par rapport à la verticale, il passera par le point zéro aux mêmes instants. La période est donc indépendante de l'amplitude ! Il ira juste plus vite pour une distance plus grande mais il conservera la même fréquence.



On avait donc ainsi un système qui puisse mesurer le temps de manière régulière. (De cela en découlera les vieilles pendules de salon avec le balancier qui se balance de gauche et de droite avec un tic tac bruyant et omniprésent).



Sauf qu'en l'état, le problème était qu'un pendule n'allait pas battre la mesure indéfiniment. A cause des frottements de l'air, il finira par s'arrêter. Il fallait donc un moyen de lui fournir régulièrement de l'énergie pour entretenir ce mouvement.

Et c'est là que le ressort entre en scène. Un ressort est un système mécanique qui accumule et restitue de l'énergie. Si on trouvait donc un système capable de transmettre l'énergie du ressort à un pendule et entretenir ainsi ses oscillations, on aurait un moyen de mesurer durablement le temps !

La corporation des serruriers sont alors les premiers vers 1450 à créer un système mécanique d'entrainement. Ils utilisent alors la gravité via un système de poids qu'on remonte avec une poulie et qui en descendant va entrainer un système mécanique dont les rouages (la roue avait heureusement été inventée bien avant) permettront d'engrener et multiplier le mouvement.
La notion de "remonter" une montre vient donc de ces première horloges fonctionnant grâce à la gravité.
Le temps faisant, les serruriers se spécialiseront et deviendront horlogers.

Or à cette époque (fin du XVe siècle) on se trouve en plein dans la période des grandes découvertes maritimes. Et une pendule ne marche qu'à la verticale parfaite pour mesurer le temps, chose difficilement possible avec le tangage des bateaux. C'est pour cette raison d'ailleurs que Christophe Colomb, lors de son périple transatlantique, ayant peu confiance dans les pendules de l'époque, utilisait un sablier qui devait être retourné toutes les 30 minutes par un matelot.

Les grandes conquêtes donneront le signal au développement de l'horlogerie actuelle.
Il fallait des systèmes précis pour se repérer en mer. La latitude s'obtenait assez facilement par observations du ciel et mesures, en revanche le calcul de la longitude était beaucoup plus délicat et imposait d'avoir des systèmes de chronométrage du temps précis à bord.
Et puis, il est bien gentil de partir à la découverte de terres inconnues, on se laisse porter au vent et on voit où on arrive mais à un moment, il faut quand même bien rentrer chez soi...

Bref, c'est pour cette raison que les Anglais, via leur marine puissante, furent les premiers contributeurs à l'horlogerie, notamment dans l'invention du balancier spiral.
Le ressort qui accumule et redonne l'énergie se trouve alors sous la forme d'un spiral


sur lequel est fixé une roue (le balancier) qui oscille et entretient l'isochronisme.

A partir de là, le principe de base est défini et les systèmes évolueront peu jusqu'à nos jours :

Un barillet (ressort) accumule de l'énergie par le remontage (manuel ou automatique) qu'il libère en entraînant une succession de rouages (heures, minuterie, seconde, ...) jusqu'à la roue d'échappement qui laisse "échapper" l'énergie du barillet de manière contrôlée grâce à l'ancre dont le mouvement est régulée et entretenu par le balancier et son spiral. Les marches des roues d'heure, minutes, secondes sont réalisées dans des rapports de démultiplications calculées qui permettent de suivre le rythme des heures, minutes, secondes.

Pour conclure, l'horlogerie actuelle et la mesure du temps telle qu'on la connait aura été rendu possible grâce à quatre grandes inventions humaines combinées entre elles :

- La roue, qui permet l'engrenage et la transmission. C'est ce qu'on appelle l'organe multiplicateur.
- Le ressort, qui permet l'accumulation et la restitution d'énergie. C'est l'organe moteur.
- Le pendule, qui évoluera en un spiral et une roue de balancier, qui permet l'isochronisme et la régulation de  l'énergie libérée. C'est l'organe régulateur.
- La métallurgie car on oublie que sans cette invention de l'ère industrielle, rien n'aurait été possible (des roues en bois dans une montre, ça le ferait moyen question précision et longévité...)

L'horlogerie est un batard technologique dans le sens où ça ne sert plus à rien de nos jours. On a mieux, plus précis, moins cher, plus rapide mais c'est quasiment l'un des seuls batards technologiques qui a survécu de nos jours.
Car il faut bien l'admettre : outre le fait qu'un mouvement horloger fascine par sa capacité à mécaniser le temps, notion par définition abstraite, il faut aussi reconnaitre que c'est drôlement beau...



(Ceci est ma synthèse d'un cours d'horlogerie théorique de M.Figols, crédits et merci à lui pour ce moment passionnant !)

samedi 11 février 2012

Viracocha, le Grand Civilisateur

Cet article est ma synthèse de ce que j'ai pu lire dernièrement sur ce sujet fascinant qu'est le mythe de Viracocha, couplé avec une des célèbres théories de l'explorateur Thor Heyerdahl. 
Je propose ici de recoller les morceaux de nombreuses théories et mythes existant.



Toutes les civilisations pré-colombiennes d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud ont en commun dans leurs légendes la venue à une époque reculée d'un homme blanc, grand, barbu, vêtu d'une toge blanche, déambulant avec un bâton, un livre et quelques fidèles et apportant sagesse, sciences, lois et principes de civilisation à leurs ancêtres qui vivaient là.

Cet homme appelé Viracocha ou KonTiki par les Incas,  Quetzacoalt par les Aztèques et Toltèques, Kukulkan par les Mayas ou encore Bochica chez les Chibcha aurait surgi de l'océan de l'Est sur de "grands bâteaux aux ailes de cygne" (des voiles donc...).
Viracocha n'était pas seul puisque d'autres étrangers blonds à la peau blanche seraient descendus avec lui et auraient entrepris ce grand périple vers le Sud, civilisant les hommes qu'ils rencontraient sur leur chemin.

Ces légendes indiennes, compilées notamment par le chroniqueur espagnol Cieza de Leon, parlent toutes d'un homme bon, doux, parlant avec calme, enseignant et enjoignant les populations à vivre en paix et harmonie les uns avec les autres.

Viracocha se serait établi vers la fin de son périple à Tiahuanaco, au sud du lac Titicaca et y aurait fondé une ville d'un haut degré de civilisation qui continue d'intriguer à ce jour les archéologues, notamment par la présence de constructions gigantesques (les récits indiens parlent de "géants blancs déplaçant les pierres dans les airs") et de "quais" à une hauteur qui ne pouvait être celle du lac qu'il n'y a 15000 ans.


Mais suite à une rébellion fomentée par le chef Cari de Coquimba, Viracocha aurait été contraint de s'enfuir par la mer vers l'Ouest, non sans promettre aux peuples restés fidèles qu'il reviendrait bientôt.

Et c'est précisément cette promesse d'un retour prochain, qui perdura dans la mémoire des peuples sud-américains, qui causera leur perte lors de l'arrivée des siècles plus tard des conquistadors espagnols au XVIe siècle.
En effet, persuadés qu'ils assistaient au retour tant attendu de Viracocha, les indiens accueillirent les Espagnols avec candeur et naïveté, n'opposant aucune résistance à leur avancée.


Quand ils comprirent les intentions destructrices et de conquêtes des envahisseurs, il était déjà trop tard pour réagir et c'est en partie pour cette raison (en plus des armes et des chevaux qui les terrorisaient) qu'une petite troupe d'une centaine d'hommes aux ordres d'Hernando Cortès a pu ainsi soumettre sans mal tout un empire de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Mais revenons à notre ami Viracocha. La légende dit qu'il s'enfuit par l'Ouest. Faisons le lien avec une autre théorie défendue par Thor Heyerdahl : le peuplement de la Polynésie non pas par des habitants de l'Asie du Sud Est mais par l'Amérique du Sud.

En 1947, alors qu'il se trouve en Polynésie, Thor Heyerdahl entend parler par un vieil autochtone de la légende selon laquelle un dénommé Tiki serait venu par la mer d'une grande terre située à l'Est pour peupler les îles de la région.
Il élabore rapidement une théorie selon laquelle le peuplement des îles polynésienne ne serait pas du à une migration d'ouest en est depuis l'Asie mais d'est en ouest depuis l'Amerique.
Il met tout de suite sa théorie à l'épreuve des faits expérimentaux en construisant un bateau de balsa (qu'il baptisera "KonTiki") selon les techniques sud-américaines de l'époque et s'élance dans la traversée du Pacifique depuis le Pérou.


3 mois de navigation plus tard, il aborde sur les îles Tuamotou, prouvant ainsi qu'une telle migration était bel et bien possible à l'époque.

L'histoire de l'Ile de Pâques est quant à elle tout assi fascinante. On connait tous ses fabuleux Moais, géant de pierre longtemps demeurés mysterieux quant à leur érection jusqu'à ce que les scientifiques expliquent leur transport et l'utilisation abusive des ressources en bois de l'ile jusqu'à la disparition complète de ses forêts et l'auto-destruction de sa population.
On sait, d'après les recueils des premiers explorateurs, que l'île était initialement constituée de deux grands clans : les Grandes Oreilles qui gouvernaient et érigeaient les Moais et les Petites Oreilles, main d'oeuvre ouvrière de la première. Plus tard, alors que sans ressource, l'ïle va être le théatre d'une violente révolte des Petites Oreilles, les statuts seront renversées de colère et les Grandes Oreilles massacrées.

N'est il pas alors possible, en joignant tous ces morceaux, d'imaginer que les Grandes Oreilles, pascuans civilisés et bâtisseurs, aient pu être issus de Viracocha fuyant l'Amerique du Sud et débarqué sur l'ïle ?
Que les Petites Oreilles furent peut-être issus des peuples d'Asie du Sud Est et mis en esclavage par les premiers, plus évolués qu'eux ?
Ceci s'illustre d'autant plus par le fait qu'au sein de la civilisation Inca, seuls les nobles étaient autorisés à se laisser agrandir le lobe de l'oreille par le port de poids suspendus.
Or n'y a t'il pas une ressemblance évidente de ce point de vue entre cette statuette inca et ces moais ?




Que le fameux Pukao, le "chapeau" rougeatre que l'on voit sur la tête de certains Moais, n'est pas non plus sans rappeler le turban que les chefs Incas portaient ?
Que les statuts présentes à Tiahuanaco, la dernière cité de Viracocha, présentent une ressemblance notable avec les statues pascuanes ?


Sans compter que la patate douce, base de l'alimentation des peuples polynésiens n'a jamais existé en Asie du Sud Est mais uniquement en Amérique du Sud.

Sans rejeter le peuplement par l'Asie, il reste donc toutefois tout à fait possible d'imaginer qu'il y ait aussi eu un peuplement via l'Amérique du Sud, peuplement qui pourrait pourquoi pas être issu de la fuite de Viracocha, le "Dieu" civilisateur des mythologies pré-colombiennes, Dieu qui n'aurait rien de divin mais qui serait un homme issue d'une ancienne civilisation plus développée que celles existantes à l'époque en Amérique et qui aurait ainsi vu en lui, de par ses connaissances, un être supérieur.

Se pose alors une autre question tout aussi fascinante : celle de de l'origine de Viracocha, cet homme grand, blanc et barbu, qui serait arrivé par la mer pour apporter la civilisation.

Allons, un petit effort...
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Vous ne voyez toujours pas ?
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Quelle terre  mythique, habitée par des hommes sages et hautement évolués, aurait existé à l'Est de l'Amérique du Sud, terre qui aurait disparu brusquement, poussant ses survivants à fuir vers les terres alentours ?




jeudi 15 décembre 2011

Petite Histoire des Hébreux pour les Nuls - suite et fin

Alors, rappelez-vous, il y a un moment de ça, j'avais entamé une petit récapitulatif historique au sujet des Hebreux.


Pour résumer rapidement, nous avions vu Dieu, Adam et Lilith Eve, leurs enfants Cain, Abel (tué par le précédent) et Seth, puis la descendance de ce dernier jusqu'à Noé. 
De là, grand lessivage de printemps, l'humanité est noyé et on recommence avec les descendant de Noé : Abraham et le sacrifice sauvé de son fils Issaac, la querelle des fils de ce dernier : Jacob (aka Israel après son combat avec un Ange) et Esau...qui finissent par se réconcilier. Les 12 enfants de Jacob vont donner naissance aux 12 tribus d'Israel.


Reprenons en donc là.

Joseph, fils de Jacob n'a pas de bol. Ses frères lui en veulent et le vendent à des marchands egyptiens de passage.
Malgré toute attente et grâce à son talent, Joseph finit par devenir vice-roi d'Egypte. Lorsque la famine touche le pays de Canaan, sa famille est obligé de migrer et venir mendier de la nourriture en Egypte.
Non sans avoir donné une leçon à ses frères, Joseph leur pardonne et leur permet de s'installer dans le pays.
C'est donc le début de l'installation des Hébreux en Egypte. On se situe alors autour de -1600 avant J.C

Les Hébreux vont ainsi vivre et prospérer en Egypte pendant près de 400 ans...sauf qu'à trop prospérer, on attise les jalousies locales et ils deviennent rapidement opprimés par le peuple egyptien.

En -1250, pour le protéger d'un appel au meurtre de tous les nouveaux-nés masculin, un petit garçon est abandonné par sa mère sur le fleuve dans une corbeille. Il dérive jusqu'à être découvert par la fille... du Pharaon. Elle le nomme alors Moïse qui signifie "Sauvé des eaux".

En grandissant Moïse découvre la condition d'opprimés de son peuple. Après le meurtre d'un Egyptien, il s'enfuit dans le désert où il est contacté par Dieu sous la forme d'un buisson ardent. Cherchez pas à comprendre, Dieu fait ce qu'il veut et s'il a envie d'être un buisson, il est un buisson.

Toujours est il que Moise est alors chargé de libérer le peuple Hébreux du joug egyptien et il organise donc la Résistance tel un John Connor antique.
Histoire de l'assurer de son soutien dans cette entreprise ambitieuse, Dieu envoie les 10 plaies au Pharaon pour bien lui faire comprendre qu'il ne rigole pas.

Moïse organise donc la fuite de son peuple vers le pays de Canaan, ouvrant au passage la Mer Rouge et recevant les Tables de la Lois de Dieu himself au sommet du mont Sinai, augurant une escapade à travers le désert de 40 ans. Autant dire qu'il fallait être motivé pour rejoindre la Terre Promise.


A partir de là vont s'ensuivre 400 ans de conquête du Pays de Canaan contre les Philistins (=Palestiniens, l'Histoire est un perpétuel recommencement...) qui s'étaient installés là entre-temps.

C'est l'époque du Roi des tribus unifiés David, petit berger ayant terrassé le géant Philistin Goliath.



Son fils fut le non moins célèbre Roi Salomon, connu pour son sens de la justice et sa propension à vouloir découper des enfants en deux.
Salomon construit alors à Jerusalem le Temple éponyme pour y déposer l'Arche d'Alliance contenant les Tables de la Loi.





A sa mort, les 12 tribus vont faire sécession. Deux au Sud (Juda et Benjamin) vont créér le Royaume de Juda et les 10 autres au Nord créeront le Royaume d'Israël.






On se trouve alors -931.
Le Royaume d'Israël va exister jusqu'en -722 et sa conquête par le Royaume d'Assyrie. 
Les populations fuient alors ou sont déportées, ce qui va constituer le mythe des Dix Tribus perdues d'Israël dont certains archéologues penseront trouver des traces jusqu'en Ethiopie.


Le Royaume de Juda va exister quant à lui jusqu'en -587, date à laquelle il sera détruit par le Roi de Babylone Nabuchodonosor II et sa population là encore déportée un peu partout dans la région.


Les Hébreux n'ont alors plus officiellement de terre reconnue et se distillent dans les populations locales du Moyen-orient.


La région sera alors sous domination Perse jusqu'en -332, puis passera sous domination Grec grâce aux conquêtes d'Alexandre le Grand, jusqu'à devenir colonie romaine vers -60 au moment de la domination de l'Empire Romain.


En -3 avant lui-même naitra alors Jésus qui entrainera avec lui une nouvelle religion, le Catholicisme.

Les Hébreux, devenus Juifs entre-temps, entrent alors dans l'ère moderne et il est temps pour moi d'arrêter là leur histoire antique.