mercredi 23 juillet 2008

Cryptographions un peu

La question de la transmission d’information et de messages a toujours été cruciale au cours de l’Histoire. Comment faire savoir à quelqu’un quelque chose que mon ennemi ne doit absolument pas connaitre au cas où le message lui tomberait entre les mains ?
Comment cacher mon message, comment le rendre illisible ou incompréhensible pour une partie seulement de la population ?
De l’autre côté, la question du décodage devenait tout aussi importante ! Comment pénétrer les secrets de celui dont j’ai intercepté le message codé ?
Des guerres se sont gagnées, des complots se sont déjoués, des espions se sont fait démasquer par la réussite – ou non – à décoder un message secret.

Les premières techniques ancestrales tenaient plus de la stéganographie (art de cacher un message) que de la cryptographie (art de coder un message).
Par exemple un espion grec en Perse raconte comment il eut l’idée de graver sur le bois de ses tablettes un message et ensuite de les recouvrir de cire vierge. Il pouvait ainsi passer les points de contrôle, porteur de ses tablettes « vierges » en toute quiétude.
Ou bien encore, Nabuchodonosor, roi de Babylone qui rasait le crâne d’un esclave, lui tatouait dessus le message à transmettre, attendait que ses cheveux repoussent puis l’envoyait vers le destinataire (oui, la notion d’urgence était toute relative à cette époque…)

Le chiffre de César commence à être un peu plus développé. Il sert à Jules César à transmettre ses ordres à ses généraux. Le principe en est très simple : il consiste à décaler chaque lettre de l’alphabet de 3 rangs. A donne D, B donne E, C donne F, etc…

« Prenons cette phrase comme exemple » donne donc :
« MOBKLKP ZBQQB MEOXPB ZLLB BUBJMIB »
(En cryptographie, il est pour convention d’écrire en minuscule la phrase originale et en majuscules la phrase cryptée).

Aujourd’hui ce cryptage parait enfantin à n’importe qui mais, à l’époque, cela suffisait pour assurer la sécurité des transmissions.

Pour craquer ce type de codage, c’est simple, il suffit d’essayer de décaler d’une lettre, puis de 2 lettres, de 3, de 4, etc… jusqu’à tomber sur le bon décalage qui révèlera la phrase originale.

Du coup, l’évolution fut quelque temps plus tard d’affecter une lettre quelconque à chaque lettre, c'est-à-dire de ne pas rester dans l’ordre de l’alphabet mais d’être dans le désordre.
Par exemple :
a-> J ; b-> U ; c-> G ; d-> O, etc…
Il suffit juste d’établir la table des correspondances, que l’envoyeur et le récepteur ait la même et ils pourront alors communiquer.
Le carré de Polybe est le premier exemple de chiffrement par substitution homophonique.
On peut aussi – pour que ce soit plus simple - choisir un mot-clef pour définir les correspondances.
Imaginons que ma clef soit la phrase « Je pars en voyage ». Du coup, j’aurais la correspondance suivante (en virant les lettres redondantes) :

A b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z
J E P A R S N V O Y G B C D F H I K L M Q T U W X Z

Et « Prenons cette phrase comme exemple » devient alors :
« HKRDFDL PRMMR HVKJLR PFCCR RWRCHBR ».

On voit tout de suite que pour décrypter le message, on est mort si on ne dispose pas de la table des correspondances ou du mot-clef qui la définit. Cette fois, il n’y a plus d’ordre logique entre les lettres.

Ce système a très bien fonctionné pendant un bon millier d’années et il aurait pu parfaitement continuer jusqu’à l’avènement des ordinateurs. Or dès le 16e siècle, il est devenu obsolète et a été remplacé par un système beaucoup plus compliqué.

Mais comment en est on arrivé là ?

Au IXe siècle les Arabes sont les plus avancés en mathématiques, astronomie, médecine, etc. Ce sont même eux qui inventeront l’Arithmétique et l’ « Al-gèbre ». Je ne détaille pas ici les avancés et les progrès importants réalisés par les Arabes dans les différents domaines scientifiques mais il faut savoir que les Sciences connurent de grandes avancées grâce à eux.

Toujours est-il que les arabes vont également inventer la cryptanalyse. Ils découvrent que dans le langage, dans les mots que nous utilisons certaines lettres reviennent avec des fréquences plus importantes que d’autres.
En français par exemple, c’est le « e », le « a », etc. En allemand, c’est le « w » aussi.

Cette méthode de cryptanalyse découverte par Al-Kindi sera publié à cette époque sous le nom de « Manuscrit sur le déchiffrement des messages cryptographiques »


1ère page du manuscrit d'Al Kindi

Ils arrivent alors en analysant beaucoup d’écrits à établir une table de fréquence de chaque lettre de l’alphabet.

Ainsi, en français, la table est la suivante :
E = 15,87%
A = 9,42%
I = 8,41%
S = 7,90%
R = 6,46%
Etc…

Ce qui fait que si on connaît la langue d’origine d’un texte intercepté, on peut l’attaquer par ce biais.
Car si on effectue une analyse fréquentielle des lettres du message codé et que l’on trouve par exemple, que la lettre « P » revient 15% du temps, alors, il y a de fortes chances que cette lettre code pour le « e ». Et ainsi de suite.
Evidemment, il faut que le texte soit d’une certaine longueur pour que la fréquence d’apparition des lettres soit assez représentative.
D'autre part, il faut que le texte ne soit pas trop "axé". (La phrase "De Zanzibar à la Zambie et au Zaïre, des zones d'ozone font courir les zèbres en zigzags zinzins" peut vous illustrer ce que j'entends pas là...). Mais bon, de manière générale sur un texte long, l'analyse reste pertinente.
On peut aussi analyser les bigrammes. En français, les bigrammes les plus fréquents sont « mm », « ll », « pp » etc… Donc on pourra là aussi se servir de ça pour supposer des correspondances.
Bref, le travail peut être long, il faut aller à tâton bien souvent, mais on a dorénavant une accroche sur le texte et on peut le décoder !

Je trouve cette méthode de cryptanalyse absolument phénoménale.
L’idée est tout simplement géniale.

Mais du coup, comme toujours, les cryptographes vont réagir en améliorant leur système.
L’idée est alors d’ « effacer » la notion de fréquence d’apparition des lettres dans les message.
On peut, par exemple, utiliser un chiffre qui attribue plusieurs symboles pour une seule lettre, en fonction de sa fréquence (Par exemple, on utilisera 4 ou 5 symboles pour le E mais un seul pour le K). On dit alors que l'on utilise un code homophonique.
On peut également utiliser le surchiffrement qui consiste à recoder le texte chiffré par un autre type de chiffrement pour ne pas permettre de faire des hypothèses sur les lettres les plus fréquentes. Pour une combinaison de chiffrements bien choisie, un texte surchiffré sera donc plus difficile à déchiffrer.

L’aboutissement en la matière revient au français Vigénère, au XVIe siècle, avec son « Carré de Vigénère ».
Imaginez un carré de 26 sur 26 représentant sur chaque ligne l’alphabet, décalé à chaque fois d’un rang.
On définit ensuite une clef (un mot, une phrase).

Pour chaque lettre en clair du message original, on va alors sélectionner la colonne correspondante à cette lettre et pour une lettre de la clé correspondant au même rang, on sélectionne la ligne adéquate, puis au croisement de la ligne et de la colonne on trouve la lettre chiffrée.
La lettre de la clé est à prendre dans l'ordre dans laquelle elle se présente et on répète la clé en boucle autant que nécessaire.

Pour faire simple, cela consiste à attribuer une nouvelle table de correspondance à chaque lettre du message clair.

Cette méthode de cryptographie ne sera efficacement brisée qu’au XXe siècle par Babbage.
(je ne vous raconte même pas comment il faut s’y prendre. Il faut tout d’abord tenter de déterminer quelle est la taille de la clef puis repartir là aussi sur une méthode – patiente – d’analyse de fréquences).

De nombreuses méthodes de cryptage se succèdent au cours de l’Histoire.

Je peux par exemple citer le Grand Chiffre de Louis XIV qui était uniquement utilisé pour les communications les plus importantes de l’Etat. Il faudra là aussi attendre le XIXe siècle pour qu’il soit brisé.
Pour l’anecdote, ceci permettra de décoder une lettre du Roi désignant qui était le fameux « Masque de Fer ». (Pour connaître son identité, m’envoyer un mail flatteur accompagné d’un versement compensatoire de 500€).

Les deux premières guerres mondiales vont ensuite devenir le catalyseur de toute une série de perfectionnement tant dans l’élaboration de chiffrages complexes que dans les techniques de décryptage.

Toujours en terme d’anecdotes historiques, sachez par exemple que c’est l’interception et le décodage d’un message envoyé par les allemands aux mexicains (le célèbre télégramme de Zimmerman) leur demandant d’attaquer les Etats-Unis par le sud qui achèvera de convaincre Wilson de s’engager dans la guerre contre l’Allemagne.
C’est aussi grâce au travail d’un seul homme, la Lieutenant Painvin, que la victoire en novembre 1918 put arriver.
En effet, fin 1918, les Allemands veulent entreprendre leur plus grosse contre-offensive afin de renverser le cours de la guerre.
Les français le savent mais ce qu’ils ne savent pas, c’est où se fera cette contre-offensive.
Un message est intercepté et alors que le code ADFGVX réputé indécodable est utilisé par les allemands, la chef de la section de cryptanalyse française va travailler d’arrache pied jours et nuits pendant une semaine, perdant alors plus de 15 kg, pour le percer.
Il y arrivera, ce qui permettra aux français de masser leurs forces au bon endroit et ainsi de pouvoir repousser l’attaque allemande, précipitant leur reddition.

La seconde guerre mondiale est marquée quant à elle par l’utilisation de la célèbre machine de cryptographie Enigma.



Il s’agit d’une machine électro-mécanique composée de disques alphabétiques tournant aléatoirement et qui permettent de coder les messages en l’utilisant comme une machine à écrire.

L’histoire de la cassure de ce code est littéralement un roman d’aventure, ponctué de rebondissements, de retournement de situations, de découvertes par les cryptanalystes anglais de Bletchey Park. C’est tout simplement fascinant. (Je vous dirai à la fin quoi lire si cela vous intéresse de creuser un peu plus le sujet.)

Il y eut même une mission commando se faisant passer pour un équipage allemand en détresse de façon à se faire récupérer par un sous-marin allemand, en prendre possession, voler une machine Enigma et ses carnets de clef, le couler et disparaitre.



Il faut surtout savoir que c’est à l’occasion du décodage des messages issus de la machine Enigma que sera inventé l’ancêtre de l’ordinateur actuel : l’ordinateur Colossus mis au point par Alan Turing, issu de son travail sur les « bombes » polonaises qui servaient à chercher les clefs des machines Enigma. (Oui, les polonais n’ont pas fait grand-chose pendant la guerre, mais ils ont au moins initié le décryptage d’Enigma).

Enfin, une autre méthode de cryptage à signaler durant la seconde guerre fut celle utilisée à la fin de la guerre par les américains à l’encontre des japonais.
Ils eurent l’idée d’utiliser la langue des indiens Navajos pour traduire leurs communications.
Cette langue, par sa structure, est totalement hermétique aux linguistes et donc aux cryptanalystes.
Des indiens Navajos furent donc affectés dans toutes les unités au poste de radio afin de traduire les messages dans leur langue.
Les japonais n’auront jamais réussi à décrypter les messages interceptés.

D'autres déchiffrements célèbre eurent cours tout au long de l'Histoire.
Je peux citer celui du Linéaire-B, écriture mycénienne de la Grèce antique, ou bien le plus célèbre de tous : le déchiffrement des hiéroglyphes.
C'est tout aussi romanesque.

A la fin de la seconde guerre mondiale, on assiste à la victoire des décrypteurs sur les concepteurs de code.
Début des années 50, l'ordinateur fait son apparition, il se démocratise de plus, les entreprises s'en dotent, des langages de programmation apparaissent (le Fortran d'IBM, par exemple).
Les crypteurs utilisent alors des algorithmes de cryptage qui nécessitent de longs calculs pour coder et évidemment encore plus longs, infiniment plus longs pour décoder, ce qui met dans un abris artificiel le code. Ainsi l'algorithme de chiffrage Lucifer créé dans les années 70 est toujours valable aujourd'hui sous le nom de DES (Date Encryption Standard).

Mais voilà, il reste un problème. Un problème qui a toujours existé quelque soit la complexité du code, que ce soit le DES ou le chiffre de César : la transmission de la clef.

Eh oui, car si jamais la clef tombe entre les mains adverses, le code n'a plus aucune efficacité.
Si vous apprenez que ma phrase clef était "Je pars en voyage", mon code plus haut ne résistera guère longtemps à votre attaque.
La sécurité de la transmission de la clef est donc primordiale.

L'une des solutions apportée à ce problème est celle que je vais illustrer à présent.
Imaginons que Bernard veuille transmettre un message à Alice sans qu'Eve ne puisse le lire (ces 3 noms furent ceux choisis par les cryptanalystes tout au long de leurs travaux).

Bernard écrit son message, le place dans un coffre qu'il ferme avec son cadenas avec sa clef unique. Il envoie le coffre à Alice qui va alors apposer son propre cadenas avec là aussi une seule clef. Elle renvoit le coffre à Bernard qui retire son cadenas et renvoie à Alice. En recevant le coffre, Alice peut ouvrir son cadenas avec sa clef et lire le message de Bernard. Astucieux, non ?

Il "suffit" maintenant de convertir ces clefs physiques en algorithmes mathématiques réversibles pour pouvoir appliquer des fonctions à un code binaire. Il s'agit là du domaine de l'arithmétique modulo.

Ceci sera ensuite optimisé avec le principe des clefs publics et clefs privées. On supprime le problème de la navette entre Alice et Bernard en utilisant une clef public accessible à tous qui sert pour le chiffrement mais pas le déchiffrement. Seule l'utilisation de la clef privée d'Alice ou de Bernard appliquée sur la clef public permet de déchiffrer le message. On entre alors dans des fonctions mathématiques particulières asymétriques utilisant des factorisations en nombres premiers. Bref, c'est super chaud (ça se comprend malgré tout, mais je vous épargne les détails ici). Le RSA actuel est ainsi une système de cryptographie à clef public.

Ce code est virtuellement inviolable car factoriser en nombre premier des nombres de plusieurs millions de chiffres prendrait des milliards d'années à tous les ordinateurs de la planète.

Les cryptographes seraient alors en droit de se sentir peinard pendant un bon bout de temps aujourd'hui....

... Sauf que ceci serait sans compter l'apparition à venir des ordinateurs quantiques et leurs fabuleuses capacité de calcul instantané. Pensez que grâce à la maitrise des principes de la mécanique quantique, les ordinateurs quantiques seront capables de réaliser des millions d'opérations dans le temps d'une seule de nos ordinateurs actuels !

Mais heureusement, un jour viendra aussi le cryptage quantique qui lui sera par principe totalement inviolable...

samedi 19 juillet 2008

C'était un rendez-vous

En 1976, il reste 10mn de bande à Claude Lelouch sur la pellicule qui lui a servi à tourner "Si c'était à refaire".

Il décide de ne pas les laisser perdre.

Voici le court métrage qui résulte, avec Paris sous un angle que vous n'avez jamais vu encore (ou alors c'est que vous êtes actuellement en prison...)




Beaucoup de légendes ont eu cours concernant ce film. La voiture serait par exemple une Ferrari, conduite par Jacky Ickx.

Toute la vérité dans le Making Of :



Chacun pensera bien évidemment ce qu'il veut de la performance...qui serait en outre complètement "inrefaisable" aujourd'hui.

Pour l'anecdote, voici le fin mot de l'histoire, by Lelouch himself :


Debout dans le bureau du préfet de police, j'ai la sensation d'être un enfant puni. Je m'apprête d'ailleurs à l'être et sévèrement.

D'une voix de procureur, le préfet, qui m'a personnellement convoqué, dresse à mon intention la liste de toutes les infractions que j'ai commises pendant les quelques minutes de tournage de Pour un rendez-vous. Elle est interminable. Quand il a fini, il lève sur moi un œil noir et dit en avançant la main :

— Remettez-moi votre permis de conduire, s'il vous plait.

Le moment serait mal choisi pour discuter. Je m'exécute. Le préfet de police s'empare du document, le contemple rêveusement pendant quelques secondes, puis... me le rend avec un large sourire.

— Je m'étais engagé à vous le retirer, me dit-il. Mais je n'ai pas précisé pour combien de temps.

Devant ma stupéfaction, il ajoute :

— Mes enfants adorent votre petit film ! »

mercredi 16 juillet 2008

L'Atlantide

Parmi les histoires qui me passionnent depuis tout gamin, il y a bien celle du mystère de l'Atlantide.
Cette civilisation luxuriante a t'elle vraiment existé ? Où se situait-elle ? Qu'est elle devenue et que sont devenus ses habitants, les Atlantes ?

L'existence de cette civilisation est mentionnée pour la première fois par Platon dans le Timée puis le Critias, il y a 2000 ans. Les descriptions de l'Atlantide faites par Platon sont inspirées des écrits de son ancêtre Solon, qui les tenait lui-même de prêtres égyptiens.

Plutôt que de vous en faire une description rapportée, voici comment Platon la présentait :

"Il y a environ neuf mille ans, il existait un pays qui n’était autre qu’Athènes, mais une Athènes antérieure. Cet état se trouva menacé par un pays plus grand que l’Afrique du Nord et l’Asie mineure réunies, situé au-delà des colonnes d’Hercules. Cette île-continent, d’une « immense et extraordinaire puissance », était l’Atlantide. Les Atlantes ambitionnaient de devenir les maîtres du monde entier. Mais, au cours d’une grande bataille, ils furent vaincus par les guerriers athéniens. Or, juste après cette glorieuse victoire, l’antique Athènes fut détruite par des tremblements de terre et des inondations dont la violence provoqua également l’engloutissement dans la mer du continent de l’Atlantide. Tout se passa en l’espace d’un jour et d’une nuit. L’Atlantide était une terre de plaines fécondes et d’immenses forêts, dotée d’une flore luxuriante et d’une faune variée, avec, en particulier, de grands troupeaux d’éléphants. Le sol recelait de riches filons d’or, d’argent et d’autres métaux. À l’extrémité sud du continent, les rois bâtirent une ville d’une magnificence à la mesure de l’extraordinaire puissance que leur valait une terre si fortunée. Cette cité, nommée elle aussi Atlantide, se composait de cercles concentriques de terre et de canaux. Au centre, fut édifié à Poséidon un temple fastueux. Dans les enceintes extérieures se trouvaient un hippodrome et des habitations populaires; dans les ports intérieurs se pressaient les navires de guerre."


Une civilisation puissante et avancée, détruite par un cataclysme il y a 11000 ans....

Enormément de théories, d'hypothèses, de supputations diverses ont été avancées pour expliquer le mystère de l'Atlantide.

Je vais en développer quelques unes ici, celles qui me donnent vraiment à réfléchir.

Les cosmogonie de par le monde, les légendes amérindiennes, la mythologie orientale ou encore la Bible font également état de la disparition soudaine d'une terre fabuleuse et lointaine à la suite d'un cataclysme. Je veux bien que Platon invente une histoire mais que cette histoire existe déjà ailleurs...
Les scientifiques ont d'ailleurs détecté les traces d'un déluge d'une immense intensité qui se serait produit il y a 10000 ans (le Déluge rapporté dans la Bible ?).

Atlantide et Atlantique

Pour beaucoup, l'Atlantide se serait située dans l'océan Atlantique et son engloutissement serait dû à un effondrement de la surface terrestre. Les Açores, point culminant de l'Ile en serait un vestige.
L'hypothèse de la chute d'une météorite ou bien encore le relèvement soudain des eaux (à la fin du Pleistocène, la déglaciation a entrainé une remontée des eaux de 80 à 120m) sont aussi des hypothèses expliquant la disparition de l'Atlantide.

Lors de l'anéantissement de l'Ile, tous les Atlantes ne disparurent pas mais les rescapés s'en allèrent coloniser d'autres endroits de la Terre, apportant aux civilisations déjà existantes leur culture, leurs arts, leurs technologie.
Ceci expliquerait par exemple (point qui m'a toujours fasciné d'ailleurs) les étranges similarités entre la civilisation égyptienne et les civilisations sud-américaines : pyramides, écriture hiéroglyphique, divinités, etc...
L'apparition soudaine de l'agriculture par exemple dans ces régions quasi simultanément il y a 9500 ans pourrait trouver là une explication.


L'existence de cette riche civilisation australe permettrait d'expliquer alors l'origine de monuments disséminés dans le monde entier et construit à l'aide de techniques si avancées sur leurs temps qu'elles défient toute explication rationnelle. L'édification des temples mayas ou aztèques a exigé des moyens et une science sans rapports avec ceux de leur époque. Cette thèse peut également s'appliquer aux pyramides égyptiennes selon de récentes études archéologiques.

Paul Schliemann, le petits fils du découvreur de Troie, écrivait en 1912 : "L'analogie entre les civilisations maya et égyptiennes est si grande qu'on ne peut la considérer comme fortuite. Il n'existe pas de hasard de ce genre. La seule explication est que, conformément à la légende, il y eut autrefois un grand continent établissant un lien entre ce que nous appelons l'ancien et le nouveau monde. C'était l'Atlantide, d'où partirent des colonies, vers l'Égypte et l'Amérique centrale."


Atlantide et Antarctique

Une autre théorie intéressante est celle développée par les époux canadiens Flem-Ath dans leur livre "When the sky fell" (1995) . Ils pensent que l'écorce terrestre a subi un basculement (un glissement) et qu'avant cette catastrophe toute une partie de l'Antarctique était en dehors du cercle polaire et donc apte à accueillir une population pouvant développer une certaine civilisation. Ils auraient trouvé des documents au British Museum de Londres leur permettant d'échafauder cette une hypothèse pour le moins étonnante.

Leurs recherches se sont principalement appuyées sur les données géologiques exposées, en 1953, par un universitaire américain du nom de Charles Hapgood.
Ce dernier développait l'idée suivante : le poids grandissant des calottes glaciaires situées aux pôles de notre planète exerce une pression croissante sur la croûte terrestre, tant et si bien que celle-ci se déplace comme glisserait la peau d'une orange que l'on presse. Albert Einstein écrira à Hapgood : "Vos arguments ont du poids et j'ai le sentiment que votre hypothèse est correcte."

En 1956, Charles Hapgood eut entre les mains une très vieille carte maritime, dessinée en 1513 par un amiral turc dénommé Piri Reis.
Hapgood fut surpris de la précision du tracé de la croûte orientale de l'Amérique du Sud sur cette carte, achevée à une époque où cette partie du monde n'était pas totalement cartographiée. La surprise fut complète quand Hapgood s'aperçut que l'Antarctique figurait également sur la carte, alors que ce continent n'avait été découvert qu'en 1820, soit trois siècles plus tard ! Consultés, les experts de l'US Air Force sont restés tout aussi perplexes face à ce constat. En comparant la carte de Reis à des relevés géologiques de l'Antarctique datant de 1949, faisant apparaître les contours du continent austral avant qu'il ne soit recouvert par les glaces, ils constatèrent que les deux tracés étaient presque identiques !
Le rapport de l'US Air Force concluait que "le tracé des côtes a été relevé avant que celles-ci ne soient recouvertes par la calotte glaciaire. La précision des données qui figurent sur cette carte reste un mystère compte tenu de l'état des connaissances géographiques en 1513".

C'est alors que Hapgood dénicha une seconde carte "miraculeuse", celle d'Oronteus Finaeus (1531). L'ensemble de l'Antarctique y figurait, avec de nombreux détails, comme l'emplacement des montagnes, des plaines et des rivières. L'Antarctique (à droite) fait apparaître le tracé de reliefs et de cours d'eau, ce qui laisse supposer que l'Homme s'était rendu sur le continent austral, et s'y était peut-être même établi, avant que la glace ne le recouvre.

Le tracé des cartes de Piri Reis et de Finaeus, dont l'authenticité a été prouvée, s'inspirait donc de cartes très antérieures, en conséquence dessinées par un peuple disposant d'une maîtrise technique incomparable pour son époque.


Tant que j'y suis, j'ouvre ici une parenthèse énigmatique sur le Sphinx (pas franchement de lien évident avec l'Atlantide mais comme il existe des hypothèses sérieuses liant les 2 civilisations, ça passera pour cette fois).
Tout un chacun associe cette colossale statue à la civilisation égyptienne.
Or les archéologues ont découvert des traces d'érosion sur la Sphinx qui ne peuvent provenir que d'une très importante vague de précipitations diluviennes. Celle justement survenue il y a 10000 ans. Or la civilisation égyptienne est vieille de 5000 ans. Donc le Sphinx serait antérieur aux Egyptiens et présent sur le site de Gizeh bien avant la construction des pyramides !

D'autre part la disproportion entre la tête du Sphinx et son corps ainsi que le manque de traces d'érosion sur cette tête tendent à montrer que la tête aurait été retaillée par la suite pour lui donner la forme que nous lui connaissons actuellement.






De nombreuses autres hypothèse ont été formulées pour établir la position de l'Atlantide : la mer Noire étant une des plus sérieuses, mais on trouve aussi la Suède, l'Allemagne du nord-ouest ou même des sites orientaux. Partout, sur tous les continents, sur toutes les mers, des villes, des régions ont été détruites par des cataclysmes divers. Ont encore tenté d'"accueillir" l'Atlantide : la Bolivie, l'Indonésie et l'est de l'Inde, les Seychelles, l'Islande, le Sri-Lanka, le Brésil, l'emplacement de l'ancienne cité de Troie, le Bénin, le désert de Gobi et même la planète Mars!



Bref, la mystérieuse cité a encore de quoi faire parler d'elle pendant un bon moment...

mardi 8 juillet 2008

Duel de lumière

Pendant très longtemps, l'Homme s'est demandé de quoi était constituée la lumière, ce qu'elle était vraiment. Parce que, bon, bronzer à Corfou, c'est sympa mais savoir ce qui en est responsable, ça peut être intéressant aussi.

Globalement, il y a 2 considérations concernant la lumière : la lumière est une onde ou la lumière est un flot de particules, appelées photons.
Dès le 17e siècle avec Huygens puis ensuite avec Young au 19e, la théorie qui prend largement le dessus auprès des scientifiques est que la lumière est une onde, un peu comme le son et qu'elle se propage dans le vide comme les vagues formées par le jet d'un caillou dans l'eau.
Enfin pas exactement dans le vide parce qu'une onde a besoin d'un milieu pour se propager (en gros, comme une holà dans un stade de foot avec nous comme support de l'onde, sauf que le "nous" ce seraient les molécules et que dans le vide, y'a pas de molécules. Et tout le monde sait ce que donne une holà dans un stade vide...), donc les scientifiques de l'époque inventent carrément "l'éther", milieu existant dans l'espace et qui permet la propagation de la lumière du soleil.

Bon, ok super. Pourquoi pas.

En parallèle de ça, Young va réaliser une expérience en 1801 extraordinairement interessante qui achèvera de convaincre les sceptiques de la nature ondulatoire de la lumière.

Le jeune (young, ohoh) éclaire 2 fentes avec une lumière et observe sur un panneau disposé plus loin...une alternance de franges lumineuses et de franges sombres. Etonnant, non ?

Alors pour beaucoup d'entre vous, ceci relève de la surprise et de l'incompréhension la plus totale (je m'adresse à ceux qui n'ont pas eu la chance de faire des études scientifiques au delà de la terminale). Mais pour les autres, ça leur rappellera les TP de physique en prépa :-).

En fait, c'est très simple et Young l'aura compris en voyant 2 canards batifoler dans l'eau de son lac.

On imagine une onde sur l'eau émise par le canard 1, que nous appellerons Roger, rencontrant une onde émise par le canard 2 (que nous appellerons Bernard).



Une onde est constituée d'une succession périodique de creux et de bosses.
Et bien Young constate que là où 2 bosses issues chacune des 2 ondes de Bernard et Roger se rencontrent, elles forment une bosse 2 fois plus grande, que là où 2 creux se rencontrent, elles forment un creux 2 fois plus grand et quand un creux rencontre une bosse, le niveau de l'eau reste plat.
Autrement dit les amplitudes s'additionnent et c'est exactement pareil pour la lumière dans son expérience, les 2 fentes jouant le rôle en fait de 2 sources qui vont faire interagir leurs ondes entre elles.
A chaque fois que l'interaction des deux ondes formeront une bosse (ou un creux d'ailleurs, c'est pareil) d'intensité, on observera une frange brillante et à chaque fois qu'elles s'annulent (creux+ bosse), on observera une frange sombre.

Mortel, non ?

Tout ceci s'explique très bien par le calcul, donc tout le monde ressort convaincu, tout content que la lumière est une onde, certes constituées de particules mais qui se comportent comme une onde.

Sauf que, il reste encore des expériences que cette théorie n'arrive pas à expliquer, comme par exemple l'effet photoélectrique (en gros, quand on éclaire un truc avec de la lumière bleue, ça crée du courant électrique dans le truc alors que nada en lumière rouge).
Mais bon, pas de souci, on met ça de côté et on attend qu'un jour un type trouve l'explication.


Et puis est arrivée une époque où on est devenu technologiquement capable d'envoyer photon par photon de la lumière. On avait inventé un espèce de canon à photons programmable.
Du coup, des petits malins se sont dit "Tiens, si on refaisait l'expérience des fentes de Young, mais au lieu d'envoyer des milliards de photons d'un coup en jet de lumière, on va les envoyer un par un et on va noter leur impact sur le panneau".

On envoie donc les photons un par un, par exemple au rythme d'un par minute. Le photon (s'il ne s'écrase pas misérablement sur le 1er panneau) passe alors par une des 2 fentes et vient imprimer le panneau du fond. On recommence avec un autre photon, puis un autre, etc. Comme les photons passent de manière aléatoire par la fente 1 ou la fente 2, on s'attend à trouver un panneau moucheté uniformément de l'autre côté.
Sauf qu'on va observer ça :

Et oui, vous ne rêvez pas : pour quelque raison extraordinaire, on obtient ce réseau de franges, comme si les photons, envoyés indépendamment, avaient interagis avec eux même !
Ce phénomène défie le sens commun !

Et voilà le souci de l'infiniment petit, c'est qu'il ne s'explique plus avec la physique habituelle. On est obligé, pour décrire son fonctionnement, d'avoir recours à une autre physique : la physique quantique. Et là, ça devient complètement n'importe quoi. Oubliez vos préjugés, on part dans un autre monde. Et, perso, c'est ça qui me fascine dans ce domaine.

En fait pour expliquer le résultat de l'interaction en franges des envois de photons, les scientifiques ont 2 théories.
C'est simple. La première est dingue, la seconde est encore plus dingue.

Pour les partisans de la première, on ne sait que 2 choses sur le photon : il a quitté le filament de la lampe et il a impacté le mur du fond. Mais on ne sait pas par quelle fente il est passé. Du coup, pas de problème, ils adoptent le point de vue spécial ... qu'il est passé par les 2 fentes simultanément, ce qui lui permet d'interagir avec lui même. Ça parait cinglé, mais ça permet d'expliquer les résultats de l'expérience. Evidemment, à notre échelle, on ne peut pas intégrer cette explication (Vous référer au paradoxe du Chat de Schrödinger qui illustre bien cette incohérence transposée dans notre monde macro) mais je vous avais prévenu que pour faire de la physique quantique il fallait laisser au placard notre compréhension du monde.

L'autre théorie dit, quant à elle, que le photon peut passer dans la fente de gauche mais comme il peut aussi passer par la fente de droite, l'univers se divise alors en deux univers : l'un ou le photon passe à gauche, l'autre où le photon passe à droite et les 2 univers interagissent ensuite ensemble.
Ça rejoint l'histoire des univers parallèles dont je vous parlais dans un article précédent.
A chaque fois qu'un choix se produit, l'univers se scinde en une multitude d'univers, de telle sorte que chaque option se déroule dans un univers différent.


Bref, au final, la lumière se comporte parfois comme une onde, parfois comme une particule (depuis on a démontré l'effet photoélectrique qui ne peut s'expliquer que par la nature corpusculaire de la lumière. Pour info, le "on" s'appelle Einstein et il a eu le prix Nobel pour ce travail, qui n'a rien à voir avec son E=mc2...).

Bref on ne sait pas trop et c'est pour cette raison qu'on parle de la dualité onde-particule de la lumière.
Elle n'est pas une onde, elle n'est pas une particule mais elle est un peu les 2 à la fois.
C'est un peu comme un cylindre qu'on éclairerait. Selon un angle, il apparait comme un cercle, selon un autre c'est un rectangle et pourtant ce n'est aucun des deux.



Bref, on est pas encore prêt de proposer une explication claire et tranchée de ce qu'est la lumière.
Mais y'en a t'il seulement une ?...

Je hais la Poste

De tout mon cœur, de toute mon âme, de toute mes forces, je déteste aller à la Poste.

Les bureaux de poste symbolisent pour moi toute l'incompétence du système administratif français.
Je reviens à l'instant d'une des rares fois où, acculé face à mes responsabilités, ne pouvant plus davantage temporiser ou ayant épuisé toutes les possibilités pouvant m'épargner cette terrible mission, j'ai du me rendre à la Poste de mon quartier.
Enfin, la poste de mon quartier...Non, pas exactement, la poste de mon quartier, puisque, elle, ferme à 17h. Ce qui est très pratique quand on sort de son boulot à 17h30.
Non j'ai du aller à une autre poste de la ville (de l'autre côté de la ville plus exactement) qui, elle, a le bon goût de faire des nocturnes jusqu'à 18h30...

Et là, quand j'arrive dans un bureau de poste (je parle en mon nom, mais je pense qu'on doit tous vivre la même chose), je suis à peine à 10m de l'entrée que je vois la looooongue queue qui m'attend et je n'ai déjà plus du tout envie d'y aller. Je ne compte pas les fois où j'ai fait demi-tour à cet instant précis.
Mais bref, ce soir, je ne pouvais pas faire autrement donc j'ai pris ma patience à deux mains...

Et à l'intérieur, c'est toujours un scandale. Ce soir, 5 guichets, dont 2 de fermé, 1 réservé aux envois de colis et le cerbère derrière le bureau refuse de faire autre chose des fois que ça décharge un peu la queue et 1 qui fait de la paperasserie et qui a donc délicatement apposé un petit panneau "Guichet fermé temporairement" (si elle savait où j'avais envie de lui mettre son panneau).
Ce qui ne nous laisse donc, après calcul, oui, qu'un seul guichet ouvert pour 15 personnes.

Et l'autre problème de la Poste, c'est que c'est aussi la cour des Miracles. Tant derrière que devant le comptoir d'ailleurs. Je n'ai rien contre la classe sociale la moins favorisée (j'ai, d'ailleurs, moi aussi un jour du prendre le métro lorsque le chauffeur de Maman était parti aux sports d'hiver, c'est donc vous dire) mais il faut avouer qu'on tombe toujours sur des cas. Entre le type qui veut retirer de l'argent sur un compte déjà vide et la bonne femme ne parlant pas français qui veut faire un virement au Sénégal via Western Union, on est pas arrivé.
Et comme le français est naturellement con, assisté et sans initiative, on n'est même pas sorti, en fait.

Et derrière le comptoir, ils sont 28 à jacasser. T'as envie de les prendre et de les secouer en leur disant "ça vous dérangerait d'ouvrir un putain de guichet et nous servir au lieu de regarder la pendule ??!"

Mais non, tu te contentes de pouffer bien fort, de regarder ta montre toutes les 15s, d'implorer du regard le gars derrière au fond pour qu'il se propose de te servir, de t'imaginer en train d'égorger la guichetière, juste après avoir roulé sur la cliente devant qui la monopolise depuis 10mn, etc.... Ça te calme. Un peu.

35mn plus tard, mon tour arrive.

"- Bonjour, je souhaiterais acheter une enveloppe à bulles pour envoyer ceci, s'il vous plait.
- Ah mais monsieur, nous ne vendons plus d'enveloppe à bulles ici.
- ..."





Cet anecdote du jour mise à part, je voudrais quand même dire que je rêve d'un truc, un seul. C'est que les entreprises de service se mettent vraiment au service de leur client. (Notez parce que ce sera mon thème de campagne le jour où je me présenterai à une élection.)
C'est à dire qu'ils arrêtent les horaires à la con 9h-17h (et je ne dis pas ça que pour la Poste) mais qu'ils s'adaptent à la demande, genre un 12h-20h !
C'est pas grand chose, mais ça changerait la vie à tellement de gens !

Enfin bon. Je voudrais juste faire une dernière comparaison.
Poste d'Annemasse (40000 habitants) : 30 mn de queue en moyenne.
Poste de Tokyo (15 millions d'habitants) : 2mn de queue sur les 2 fois où j'ai du y aller.

Les japonais ne sont définitivement pas comme nous...

dimanche 6 juillet 2008

Desproges

Depuis 3 semaines, je relis et revisionne l'intégrale de Desproges.
Ce type était un génie, avec un humour pas forcément parlant à tout le monde. Ce qui explique qu'il ne fasse pas l'unanimité comme pourrait le faire aujourd'hui un Gad. Mais qu'importe.

Maitre d'un cynisme provoquant, volontiers misanthrope, auteur de tournures de phrases extrêmement travaillés (qui peuvent donc très facilement taper sur les nerfs de ceux qui n'y sont pas sensible - je le reconnais), il est en outre doué d'une culture ahurissante. Il est l'artiste de textes gorgés d'humour noire allant à l'encontre de la démagogie populaire.

Auteur du célèbre "On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui", je mets ici la vidéo de son sketch sur les juifs qui en est un excellent exemple.




Il a aussi le don de pouvoir transformer n'importe quel sujet anodin en véritable récit d'aventures, pour preuve ce texte sur ce que beaucoup auraient du mal à faire tenir en plus de deux lignes : le cintre

Je hais les cintres

O vertige de la penderie béante sur l'alignement militaire des pelures incertaines aux senteurs naphtalines...

Je hais les cintres.
Le cintre agresse l'homme. Par pure cruauté.
Le cintre est le seul objet qui agresse l'homme par pure cruauté.
Le cintre est un loup pour l'homme.
Il y a des objets qui agressent l'homme parce que c'est leur raison d'être.
Prenez la porte. (Non. Ne partez pas. C'est une façon de parler.)
Prenez la porte. Une porte. Il arrive que l'homme prenne la porte dans la gueule. Bon.
Mais il n'y a pas là la moindre manifestation de haine de la part de la porte à l'encontre de l'homme.
L'homme prend la porte dans la gueule parce qu'il faut qu'une porte soit ouverte, ou bleue.
Le cintre, lui, est foncièrement méchant.
Personnellement, l'idée d'avoir à l'affronter m'est odieuse.
Il arrive cependant que la confrontation homme-cintre soit inévitable.
Quelquefois, plus particulièrement aux temps froids, l'envie de porter un pantalon se fait irrésistible.
L'homme prend alors son courage et la double porte du placard à deux mains.
Il est seul. Il est nu. Il est grand.
Son maintien est digne, face au combat qu'il sait maintenant inéluctable.
Son buste est droit. Ses jambes, légèrement arquées. Ses pieds nus arc-boutés au sol.
Comme un pompier face au feu, il est beau dans sa peur.
Les portes du placard s'écartent dans un souffle.
Les cintres sont là, accrochés à leur tringle dans la pénombre hostile.
On dirait un rang de vampires agrippés à la branche morte d'un chêne noir dans l'attente silencieuse du poulain égaré au tendre flanc duquel ils ventouseront leur groin immonde pour aboucher son sang clair en lentes succions gargouillées et glaireuses, jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Cependant, l'attitude de l'homme n'est pas menaçante.
Simplement, il veut son pantalon. Le gris, avec des pinces devant et le petit revers.
L'oeil averti de l'homme a repéré le pantalon gris.
Il est prisonnier du troisième cintre en partant de la gauche.
C'est un cintre particulièrement dangereux. Sournois.
Oh. Il ne paie pas de mine.
En bois rose, les épaules tombantes, il ferait plutôt pitié.
Mais regardez bien son crochet. C'est une poigne de fer. Elle ne lâchera pas sa proie.
L'homme bande. Surtout ses muscles.
Il avance d'un demi-pas feutré, pour ne pas éveiller l'attention de l'ennemi.
C'est le moment décisif.
De la réussite de l'assaut qui va suivre dépendra l'issue du combat.
Avec une agilité surprenante pour un homme de sa corpulence, l'homme bondit en avant.
Sa main gauche, vive comme l'éclair, repousse le cintre pendu à gauche du cintre rose, tandis que sa main droite se referme impitoyablement sur ce dernier.
La riposte du cintre est foudroyante.
Au lieu d'accentuer sa pression sur la tringle, il s'en échappe brutalement, entraînant dans sa chute le pantalon, le gris, avec les pinces devant et le petit revers, celui-là même que l'homme veut ce matin parce que, non, parce que bon.
A terre, le cintre rose est blessé.
Rien n'est plus dangereux qu'un cintre blessé.
Dans son inoubliable "J'irai cracher sur vos cintres", Ernest Hemingway n'évite-t-il pas d'aborder le sujet ?
Un silence qui en dit long, non ?
L'homme, à présent, est à genoux dans le placard.
De sa gorge puissante monte le long cri de guerre de l'homme des penderies.
"Putain de bordel de merde de cintre à la con, chié."
Le cintre rose a senti le désarroi de l'homme. Il va l'achever.
Il s'accroche dans le bois d'un autre cintre tombé qui s'accroche à son tour dans la poignée d'une valise.
Il fait noir. La nuit, tous les pantalons sont gris.
L'homme, vaincu, n'oppose plus la moindre résistance.
Le nez dans les pantoufles, il sanglote, dans la position du prieur d'Allah, la moitié antérieure de son corps nu prisonnière du placard, l'autre offerte au regard de la femme de ménage espagnole.
Il souffre. Quelques gouttes de sueur perlent à sa paupière.
Il n'est qu'humilité, désespoir et dégoût.
Quelques couilles de plomb pendent à son derrière.
Il a soif, il a froid, il n'a plus de courroux.
"Donne-lui tout de même un slip", dit mon père.



Enfin, j'apprécie ses pamphlets sans concession, dont je mets ici deux exemples, plus pour la forme de son style.


A mort le foot :

Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied.

Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.

Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints ?

Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?

Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois : le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ça ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoiqu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.

Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : « Ah, la fille ! » ou bien : « Tiens, il est malade », tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footballité.

Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celle des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.


Non aux jeunes :

"Et vous, qu'est-ce que vous avez fait pour les jeunes ?" lançait l'autre soir Jack Lang, cette frétillante endive frisée de la culture en cave, à l'intention de je ne sais plus quelle poire blette de la sénilité parlementaire.
"Qu'est-ce que vous avez fait pour les jeunes ?" Depuis trente ans, la jeunesse, c'est-à-dire la frange la plus totalement parasitaire de la population, bénéficie sous nos climats d'une dévotion frileuse qui confine à la bigoterie.
Malheur à celui qui n'a rien fait pour les jeunes, c'est le péché suprême, et la marque satanique de la pédophobie est sur lui.
Au fil des décennies, le mot "jeunes" s'est imposé comme le sésame qui ouvre les voies de la bonne conscience universelle.
Le mot "vieux" fait honte, au point que les cuistres humanistes qui portent la bonne parole dans les ministères l'ont remplacé par le ridicule "personnes agées" comme si ces empaffés de cabinet avaient le mépris des de leurs père et mère.
Mais les jeunes ne sont pas devenus des "personnes non agées".
Les jeunes sont les jeunes. Ah, le joli mot.
"Vous n'avez rien contre les jeunes ?" Version à peine édulcorée du répugnant "T'as pas cent balles ?", c'est la phrase clé que vous balancent de molles gouapes en queue de puberté, pour tenter de vous escroquer d'une revue bidon entièrement peinte avec les genoux par de jeunes infirmes. (Je veux dire "handicapés". Que les bancals m'excusent.)
- Pardon, monsieur, vous n'avez rien contre les jeunes ?
- Si, j'ai. Et ce n'est pas nouveau. Je n'ai jamais aimé les jeunes.
Quand j'étais petit, à la maternelle, les jeunes, c'étaient des vieux poilus, avec des voix graves et de grandes main sales sans courage pour nous casser la gueule en douce à la récré.
Aujourd'hui, à l'âge mûr, les jeunes me sont encore plus odieux.
Leurs bubons d'acné me dégoûtent comme jamais.
Leurs chambres puent le pied confiné et l'incontinence pollueuse de leurs petites détresses orgasmiques.
Et quand ils baisent bruyamment, c'est à côté des trous.
Leur servilité sans faille aux consternantes musiques mort-nées que leur imposent les marchands de vinyle n'a d'égale que leur soumission béate au port des plus grotesques uniformes auquel les soumettent les maquignons de la fripe.
Il faut remonter à l'Allemagne des années 30, pour trouver chez les boutonneux un tel engouement collectif pour la veste à brandebourgs et le rythme des grosses caisses.
Et comment ne pas claquer ces têtes à claques devant l'irréelle sérénité de la nullité intello-culturelle qui les nimbe ?
Et s'ils n'étaient que nuls, incultes et creux, par la grâce d'un quart de siècle de crétinisme marxiste scolaire, renforcé par autant de diarrhétique démission parentale, passe encore.
Mais le pire est qu'ils sont fiers de leur obscurantisme, ces minables.
Ils sont fiers d'être cons.
"Jean Jaurès ? C'est une rue, quoi", me disait récemment l'étron bachelier d'une voisine, laquelle et son mari, par parenthèse, acceptent de coucher par terre chez eux les soirs où leur crétin souhaite trombiner sa copine de caleçon dans le lit conjugal.
Ceci expliquant cela : il n'y a qu'un "ah" de résignation entre défection et défécation.
J'entends déjà les commentaires de l'adolescentophilie de bonne mise : "Tu dis ça parce que t'es en colère.
En réalité, ta propre jeunesse est morte, et tu jalouses la leur, qui vit, qui vibre et qui a les abdominaux plats, "la peau lisse et même élastique", selon Alain Schifres, jeunologue surdoué au Nouvel Observateur.
Je m'insurge. J'affirme que je haïssais plus encore la jeunesse quand j'étais jeune moi-même.
J'ai plus vomi la période yéyé analphabète de mes vingt ans que je ne conchie vos années lamentables de rock abâtardi.
La jeunesse, toutes les jeunesses, sont le temps kafkaïen où la larve humiliée, couchée sur le dos, n'a pas plus de raison de ramener sa fraise que de chances de se remettre toute seule sur ses pattes.
L'humanité est un cafard.
La jeunesse est son ver blanc.
Autant que la vôtre, je renie la mienne, depuis que je l'ai vue s'échouer dans la bouffonerie soixante-huitarde où de crapoteux universitaires grisonnants, au péril de leur prostate, grimpaient sur des estrades à théâtreux pour singer les pitreries maoïstes de leurs élèves, dont les plus impétueux sont maintenant chefs de choucroute à Carrefour.
Mais vous, jeunes frais du jour, qui ne rêvez plus que de fric, de carrière et de retraîte anticipée, reconnaissez au moins à ces pisseux d'hier le mérite d'avoir eu la générosité de croire à des lendemains cheguevaresques sur d'irrésistibles chevaux sauvages.

Fils à papa

A mes 18 ans, mes parents m'avaient offert le texte de Rudyard Kipling "Tu seras un homme, mon Fils".
A cette époque, j'étais encore un peu con et j'avais trouvé ça sympa mais sans plus et le papier avait vite fini dans les oubliettes de ma chambre, après avoir été hâtivement lu et évidemment incompris.

Il y a peu de temps, je suis retombé dessus par hasard.
Quand on prend bien le temps de le lire, de méditer chaque ligne en regard de ses expériences, de méditer chaque phrase selon la conclusion du poème, on comprend alors toute la puissance du message.

Je vous le remet donc ici :

Si
tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour ;
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et , te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront ;
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils.

Hitman

Au XIe siècle, au nord de l'Iran actuel, le petit groupe d'Hassan Sabbah atteint la forteresse réputée imprenable d'Alamut. Ce fort perdu en haut de la montagne est un véritable nid d'aigles longé de gorges abruptes. Hassan veut absolument s'en rendre maitre pour servir de base à la secte qu'il est en train de former : les Ismaéliens.
La légende raconte que ne pouvant s'en emparer par la force, il décida d'utiliser la ruse. Il se rendit donc seul rencontrer le gouverneur et lui proposa le marché suivant. Il demande simplement, qu'en l'échange de 5000 pièces d'or, le gouverneur lui cède autant de terrain que sa peau de bœuf peut en délimiter.
Le gouverneur accepte, croyant le voyageur complètement fou.
Et c'est alors qu' Hassan sortit un couteau de sa poche et se mit à découper en fines lanières sa peau, qu'il mit ensuite bout à bout pour former une longue corde capable bientôt d'encercler toute la forteresse. Le gouverneur libéra donc les lieux, tout penaud...

En possession de la forteresse d'Alamut, Hassan commença à construire, à l'abri des regards, un jardin d'une somptueuse beauté. Ruisseaux enchanteurs, fontaines de lait et de miel, fleurs de toutes les couleurs, et surtout un véritable harem des plus belles femmes du pays.

Hassan recruta de jeunes guerriers et entrepris de les former à l'art du combat durant de longs mois. Pratique de toutes les armes, exercices physiques, cours scientifiques divers, apprentissage de la religion, etc.
Quand leur entrainement arrivait à leur terme, Hassan droguait ses apprentis et les transportaient pendant leur sommeil dans son jardin paradisiaque. Pendant quelques jours, les élèves connaissaient l'extase. Ils étaient ensuite re-drogués et re-transportés dans leur chambre.

A leur réveil, tout excités de ce qu'ils avaient vécu, Hassan leur disait qu'il venaient de connaitre le paradis. Et qu'ils connaitraient de nouveau ce paradis seulement si ils mourraient au cours des missions pour lesquels ils avaient été si longuement préparés.

Et c'est ainsi qu' Hassan se constitua une armée d'hommes prêts à tout et extrêmement redoutés.
Il lâchait ses hommes contre les cibles définis du pouvoir à qui il avait décidé de mener une guerre sans merci. Et ils étaient d'autant plus craints qu'il n'avaient pas peur de la mort donc n'hésitaient jamais à frapper en public et mourir ensuite.

Cette drogue qu' Hassan utilisait à l'encontre de ses élèves était le haschich. Et ses hommes furent alors nommés les haschachins, les assassins...

samedi 5 juillet 2008

Zéro pointé

Alors que le monde arabe est en plein essor, au IXe siècle, le calife de Bagdad Al Ma'mun remporte une victoire éclatante sur les armée byzantines.
Dans les conditions de la victoire, il demande expressément, en échange de la libération de prisonniers chrétiens, des...livres.
Parmi ces livres qui font le voyage depuis les bibliothèques bizantines jusqu'au bibliothèques naissantes de Bagdad, il en est qui va avoir une importance toute particulière pour le Monde : le Siddhantha, de l'auteur indien Brahmagupta.
Dans ce traité d'astronomie, écrit un siècle plus tôt, on va trouver dix petites figures qui vont à jamais marquer l'histoire : eka, dva, tri, catur, panca, sat, sapta, asta, nava et la dernière, la plus importante çunya.
Vous l'aurez tous compris, il s'agit de nos fameux chiffres 1,2,3,4,5,6,7,8,9 et le fameux 0.
(petite parenthèse étymologique : çunya signifie "vide" en sanskrit, qui est alors représenté par un petit rond, le vide. Traduit en arabe, vide devient "sifr" qui donnera zephirum en latin, puis zephiro en italien. Et de zephiro à zero, il n'y a qu'un pas que les gens de l'époque n'ont pas hésité à franchir).

Et là, on comprend instantanément que ces chiffres que nous appelons chiffres arabes sont en fait indiens. Ils ne sont nommés chiffres arabes que parce que ce sont les arabes qui les ont popularisé dans le monde occidental. Mais leurs véritables inventeurs sont bien les indiens.

Et mine de rien, cette invention est peut être l'une des plus importantes de l'humanité.
Jusqu'alors, chaque civilisation avait un système de numérotation mais bien compliqué pour la plupart et peu adapté au calcul. Nous connaissons tous par exemple le système des chiffres romains. Ici la valeur du chiffre ne dépend pas de sa position. le X signifie 10 quelque soit la place qu'il occupe dans le nombre romain. Alors, on ne dirait pas, mais ça devient vite ennuyeux dès lors qu'il faut ecrire des grands nombre. 10 = X; 30 = XXX; 50 = XXXXX = L (heureusement !) et on se dit alors que pour écrire de grands nombre, on aura bientôt besoin de l'alphabet tout entier.

Alors que dans le système indien, c'est la position du chiffre qui lui confère sa valeur. Et la présence du zéro démultiplie la valeur de ce chiffre s'il est placé à sa droite.
Le 1 peut valoir un, ou dix, ou cent selon sa place par rapport aux zeros et il sera plus fort que deux 9. "Un nain assis sur la plus haute marche est plus haut qu'un géant dressé sur la plus basse" dit un vieil adage...arabe.

Ainsi avec seulement 10 signes, on peut écrire tous les nombres du monde. C'est tout simplement exceptionnel ! Et je crois bien qu'à notre époque on n'arrive pas à se rendre vraiment compte de la portée de cette invention pour les mathématiciens du Xe siècle.
Ajouter un zero à la droite d'un chiffre permettait de passer dans la dimension d'unité supérieur sans que cela prenne trop de place.
Ce nouveau système, doté de règles, permettait en outre de réaliser des calculs !
Ceci explique la fabuleuse avance des mathématiciens arabes sur le reste du monde à cette époque.

Le zero fut introduit en Europe seulement au 13e siècle. Et il eut la vie dure auprès des inquisiteurs qui l'estimaient diabolique. Il fut surnommé le grand annihilateur.
Mais les choses se sont arrangées lorsque l'Eglise comprit le trop bon intérêt d'avoir de bons comptables.